Page:Revue des Deux Mondes - 1874 - tome 3.djvu/346

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de la guerre. La longueur totale de la route est d’environ neuf heures. Après avoir quitté le lac, il marche pendant quatre heures et ne mentionne que des montées. Il signale alors une longue pente à gauche vers le lac, puis la route continue à monter ; elle redescend un peu, il est vrai, pour arriver à Bir-Chenchou, mais c’est pour remonter immédiatement. Lorsqu’elle recommence à descendre, il ne faut plus qu’un peu plus d’une heure pour arriver à Gabès, et la pente n’est certainement pas bien rapide, puisque M. Pricot de Sainte-Marie ne donne que ces deux seules indications : descente, faible descente. En somme, on monte beaucoup plus qu’on ne descend pour aller du lac à Gabès, dont l’altitude n’est que de 2 mètres au-dessus du niveau de la mer. Il en résulte que le chott El-Djerid est au-dessous de la mer, et par suite que la dépression du chott Mel-Rir se prolonge bien jusqu’à la pointe orientale du chott El-Djerid. Pour inonder cet immense bassin et reconstituer ainsi le grand golfe de Triton d’Hérodote, il suffirait donc de le relier à la mer par un canal ; 18 kilomètres séparent le chott El-Djerid de la mer ; mais on ne doit pas en conclure qu’il y aurait un canal de 18 kilomètres à creuser. La véritable longueur du canal serait déterminée par la distance du golfe de Gabès à la courbe d’altitude zéro du bassin à inonder. D’après les cartes de MM. Pricot de Sainte-Marie et Guérin, il est très probable que le point le plus élevé de la dépression qui relie le chott à l’embouchure de l’Oued-Akareit est plus rapproché de cette embouchure que du chott. Ce fait, qui ressort de l’itinéraire déjà cité, résulte encore logiquement de la façon dont l’ancienne communication a été comblée par les sables de la mer. La courbe d’altitude zéro qui contourne la pointe orientale du chott El-Djerid doit donc pénétrer assez profondément dans la dépression qui représente l’ancienne communication. Les travaux à exécuter pour le percement de l’isthme seraient ainsi notablement réduits. Le passage suivant de Rennell confirmerait cette opinion : « on voit par }a carte de Shaw et ses descriptions que l’espace compris entre le lac et les dernières sinuosités du golfe est uni et plat, et que le terrain s’élève un peu seulement près du niveau de la mer. » Cette question de la longueur du canal sera d’ailleurs complètement résolue par un nivellement préalable du bassin des chotts.

Fixer les contours du bassin à inonder, telle est en effet la nécessité qui s’impose tout d’abord. Pour exécuter ce travail, il faut deux groupes, composés chacun de trois topographes. Ces deux groupes partiraient de la cote zéro, facile à retrouver au moyen de l’altitude du signal de Chegga, que nous avons construit sur les bords du chott Mel-Rir ; puis ils marcheraient en sens opposés en suivant la courbe d’altitude zéro. Le chef de chaque groupe déterminerait, au moyen d’un niveau à lunette, les points où les mires devraient être