Page:Revue des Deux Mondes - 1874 - tome 5.djvu/658

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

turc sur les premiers marchés, feraient supposer qu’il s’agit bien du principal engagement de la Turquie ; il est loin d’en être ainsi. Antérieurement à l’opération de 1865 existaient déjà comme dette extérieure des emprunts émis à des taux, sous des formes, avec des gages différens et sur des places diverses, mais principalement à Londres et à Paris. Il faut être très familiarisé avec les opérations de Bourse pour se reconnaître dans toutes ces appellations variées, pour savoir où se négocient ces titres, où l’on en perçoit les intérêts ; ils ont un caractère commun, c’est d’avoir été émis en obligations dont la coupure ordinaire est de 500 francs. Le plus ancien, celui de 1854, se composait d’obligations rapportant 6 pour 100, émises à 80 pour 100 de la valeur nominale, pour une somme de 75 millions de francs, par la maison Dent Palmer de Londres, qui fut aussi chargée d’une négociation semblable pour 125 millions en 1858. Entre ces deux premiers emprunts Dent Palmer, se place le seul titre turc qui se soit maintenu à un taux élevé ; il est vrai que cet emprunt, en rentes 4 pour 100, avait, pour le paiement des intérêts et de l’amortissement, la garantie de la France et de l’Angleterre ; il était destiné à payer les dépenses de la guerre de Crimée, et M. de Rothschild de Londres fut chargé de l’émission.

Les deux emprunts Dent Palmer avaient pour gage la douane de Constantinople. En 1871, un troisième emprunt a été émis par les mêmes banquiers avec le gage du tribut de l’Egypte, pour une somme nominale de 142 millions ; il en a produit 194. Les trois emprunts Dent Palmer se cotent et se paient exclusivement à Londres ; mais dès 1860 un autre bailleur de fonds avait dû pourvoir aux besoins du trésor ottoman : M. J. Mirés fut chargé de la négociation d’un emprunt de 50 millions, garanti par le revenu de douanes et de dîmes multiples, et qui ne produisit que 31 millions. C’est alors que la création de la banque ottomane, fondée au capital de 101,250,000 francs par le concours des plus grands capitalistes français et étrangers, avec sièges à Constantinople, Londres et Paris, introduisit dans les affaires turques le plus puissant des groupes financiers auxquels le sultan eut successivement recours. Quatre emprunts ont été déjà émis par cet établissement, tant à Londres qu’à Paris, en 1862, 1863, 1864 et 1865, à des taux peu différens et avec des garanties variées : le dernier est connu sous le nom d’emprunt des moutons parce qu’il avait entre autres gages le tribut perçu sur les moutons de Roumélie. Le chiffre nominal de ces emprunts s’élève à 550 millions ; ils en ont produit 377. La Société générale et le Comptoir d’escompte à Paris conclurent ensuite en 1868 et 1869 deux nouvelles opérations avec la Turquie : le premier de ces établissemens se chargea de l’émission