Page:Revue des Deux Mondes - 1874 - tome 5.djvu/661

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de francs environ. Quoi qu’il en soit, ces emprunts à court terme, contractés par anticipation sur les émissions en cours de rente consolidée, dont on escompte les versemens à venir, ces négociations de traites sous le coup de paiemens immédiats à faire, d’arrérages de rentes ou de bons du trésor à solder, constituent le plus lourd et le plus onéreax de tous les embarras du gouvernement ottoman. Depuis deux ans, le taux minimum d’intérêt ou d’escompte des bons des ministères est de 18 pour 100 ; c’est celui des bons émis par le ministère de la guerre, ceux des autres sont bien plus élevés : 20 pour 100 pour la marine, 40 ou 45 pour 100 pour les bons de la grande-maîtrise de l’artillerie, de 25 à 50 pour 100 pour ceux du palais impérial. On sait les dépenses excessives, pour ne pas dire désordonnées, qui sont faites pour des fournitures de fusils, de canons, etc., surtout pour les besoins du harem et les constructions de palais nouveaux ; on affirme que la liste civile coûte plus de 100 millions par an.

La commission dont nous venons de parler a signalé en termes excellens la nécessité de connaître d’abord, de consolider ensuite cette dette dont les intérêts énormes « abaissent le crédit de l’empire, et, ajoutés au capital, l’augmentent dans une proportion qui ne peut aboutir qu’à des difficultés insurmontables ; » elle a donné d’utiles conseils pour accroître les recettes et diminuer les dépenses, elle a indiqué les causes de l’accroissement du revenu d’une année sur l’autre, mais elle n’a pu, ce qui était le plus nécessaire, certifier ne varietur le total de l’actif et du passif.

Le budget tel qu’il a été présenté pour 1874 est-il un document qui présente plus de sécurité que les précédens, émanés de la complaisance capricieuse du gouvernement turc, faisant, quand il lui plaisait, sur la situation financière une lumière intermittente et douteuse ? Nous n’oserions l’affirmer. Ce qui permet d’ajouter foi aux publications officielles, c’est la régularité du mécanisme administratif d’où elles émanent et la sécurité du contrôle. En consultant les rares ouvrages écrits sur le régime intérieur de la Turquie, dont le plus important est celui de M. Collas, publié en 1861 et entièrement refait en 1864, si nous trouvons un ensemble d’institutions analogues à celles des pays d’Occident, il reste à se demander comment fonctionne cette organisation en apparence perfectionnée. Au sommet est placé le ministère, pourvu dans chacun de ses départemens d’un conseil spécial, formant lui-même le conseil privé ou divan, que domine et dirige le conseil général de l’empire. L’empire est divisé en trente gouvernemens subdivisés en provinces, comme les provinces en districts et les districts en communes : du gouvernement à la commune, partout un conseil siège auprès du représentant du pouvoir exécutif, lequel est nommé par