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que le déficit annuel et la création des chemins de fer avaient successivement accrues. Par une stipulation expresse, le gouvernement s’interdisait d’une manière absolue toute émission de rente consolidée avant un délai de cinq années.

Cette mesure eût été irréprochable et fertile en heureuses conséquences, si, en s’interdisant les emprunts publics, le gouvernement égyptien n’eût pas eu recours aux emprunts particuliers et aux émissions de dettes flottantes dans des proportions considérables. Il en fut malheureusement ainsi. Tandis que la Turquie émettait tous les ans des emprunts publics auprès desquels le chiffre de la dette flottante pouvait sembler minime et que le taux de ces emprunts s’abaissait de plus en plus, le 7 pour 100 égyptien, maintenu pendant cinq ans à un total fixe, s’élevait jusqu’à 93 francs ; mais par contre la dette flottante croissait dans une mesure que ne justifiaient pas entièrement les entreprises auxquelles elle était destinée. Les quatre emprunts de 1862, 1864, 1866 et 1868 représentaient 597 millions de capital nominal à 7 pour 100 ; mais de son côté la dette flottante en 1873 atteignait, d’après les renseignemens les plus autorisés, 750 millions dont l’intérêt ne devait pas être moindre de 12 pour 100, sans compter les frais de change, etc. D’après la publication officielle qui accompagnait le budget de l’exercice 1873-74, au commencement de ce même exercice, c’est-à-dire vers le milieu de septembre 1873, le chiffre de la dette flottante ne dépassait pas 635 millions ; mais peut-être le gouvernement égyptien ne fait-il figurer dans ce total que les acceptations-du trésor ayant leur échéance en 1874, tandis qu’un certain nombre ont des dates plus éloignées. Cette dette était représentée en effet par des bons à échéances diverses, de trois mois, six mois ou un an, dont chaque renouvellement aggravait le poids, escomptés par de riches maisons de banque d’Alexandrie, de Paris ou de Londres, ou par des sociétés financières parmi lesquelles on peut citer l’Anglo-egyptian-Bank, les banques italo-germanique, franco-égyptienne, l’austro-égyptienne, la banque impériale ottomane, etc.

Hâtons-nous de dire que le gouvernement égyptien a beaucoup fait pour les travaux d’utilité publique. Outre le percement de l’isthme de Suez, auquel il a consacré plus de 210 millions, il a ouvert 849 kilomètres de chemins de fer dans la Basse-Egypte et 417 dans la Haute-Égypte, en tout 1,266, dont 326 kilomètres à double voie sur la ligne d’Alexandrie au Caire et à Ismaïlia, la grande station sur le canal entre Port-Saïd et Suez. Ces travaux représentent une dépense de près de 300 millions et procurent un revenu net qui figure pour 22 millions dans les recettes de l’état au budget de 1874. On doit aussi mentionner parmi les entreprises utiles la construction de 7,235 kilomètres de lignes télégraphiques