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lettres écrites de la main d’une personne faisaient foi comme le sceau, et il ajoute qu’on pouvait s’obliger soit par lettres scellées, soit par chirographes. Non-seulement le sceau suppléait à la signature, mais il tenait lieu de l’intervention du témoin, ainsi que le démontre la formule teste sigillo ou tesmoing mon scel ci mis, employée dans plusieurs vieux actes. Le sceau, fait observer M. G. Demay, « était même plus qu’un témoin, et le mot sigillum appliqué souvent, au XIIe siècle et antérieurement, et à l’acte et au sceau dont il était muni, prouve que le sceau devenait la représentation de la personne qui en faisait usage. » À partir du XIVe siècle, l’habitude se répandit de faire constater par une juridiction l’authenticité ou plutôt la personnalité des sceaux, ce qui équivalait à l’usage plus moderne de faire légaliser les signatures. Dans la suite, des garanties plus réelles furent exigées pour la validité des contrats, et une ordonnance de Louis XII défendit à tout notaire de recevoir aucun contrat sans être assisté de deux témoins. L’apposition du sceau lui-même dut être entourée de garanties. On avait eu d’abord recours à des moyens dont la grossièreté dénote la simplicité des mœurs. Tantôt on insérait dans la cire des cheveux ou des poils de la barbe, ce qui paraît aussi avoir eu pour objet d’empêcher que le sceau ne se réduisît en fragmens ; tantôt on faisait au revers de celui-ci des trous avec le pouce ou autrement. On y attachait parfois un symbole d’investiture, tel qu’un fétu de paille ou un gant. Des formalités d’une nature plus sérieuse furent imposées. Les diplômes royaux importans, les privilèges, devaient être scellés dans des cours plénières ou dans l’assemblée des grands-officiers de la couronne. Pour les chartes particulières, la formalité s’accomplissait en public, devant des ecclésiastiques ou des seigneurs.

Le sceau prenant autant et plus d’importance que la signature, tout dut être mis en œuvre pour assurer la garde et la conservation de la matrice. Chez nos rois, la matrice du sceau royal fut d’abord confiée au comte du palais. Plus tard, le prince la déposa aux mains du chancelier, qui scellait par son ordre, comme le montre une formule inscrite dans un diplôme de Hugues Capet. Cependant le roi conservait son sceau privé ou secret, sceau qu’en Angleterre on appelait griffon, et dont le chambellan avait généralement la garde. Le roi portait en outre sur lui un cachet particulier ou sceau manuel, souvent identique au sceau secret, et qu’il apposait en certaines circonstances à côté du grand sceau, comme on peut s’en assurer par un diplôme du roi de France Philippe Ier. Dès le commencement du XIe siècle il y a eu des sceaux secrets ou privés du roi, dont l’empreinte pouvait être apposée au-dessous du grand sceau, ou, comme on disait aussi, du gros sceau : c’est ce qui constituait le sous-sceau (subsigillum). Le sceau secret servait de plus au monarque