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LE
MAJOR FRANS

DERNIÈRE PARTIE[1]

VI.
LÉOPOLD DE ZONSHOVEN À M. WILLEM VERHEYST, AVOCAT À BATAVIA

Après avoir roulé dans ma tête toute sorte de déclarations plus extravagantes les unes que les autres, je me levai après une nuit sans sommeil décidé à parler ; mais c’était la veille du grand jour de fête. Frances, tout occupée des préparatifs avec le capitaine, était inabordable. Elle ne trouva que le temps de me remettre un imprimé de la poste portant qu’une lettre chargée était arrivée à son adresse, et de me prier d’aller la retirer pour elle[2], en ajoutant qu’elle désirait que le général n’en sût rien. Le maître d’école devait venir le lendemain avec ses meilleurs élèves, qui réciteraient des vers ; les fermiers, le pasteur, les notables, venaient aussi ce jour-là féliciter le septuagénaire. Tout ce monde devait être régalé, plusieurs restaient à dîner. — Ayez patience, me dit-elle, après cela j’aurai de nouveau du temps à vous consacrer.

Je n’avais rien de mieux à faire qu’à obéir ; Je m’acquittai de la commission. Le soir, les préparatifs n’étaient pas encore terminés. Le vieux baron boudait, comme c’était sa coutume quand Rolf n’était pas à sa disposition, et je gagnai très vite ma chambre pour continuer mon journal. Je découvris sur ma table un petit porte-

  1. Voyez la Revue du 15 juin et du 1er juillet 1875.
  2. En Hollande, les destinataires de lettres chargées doivent les retirer eux-mêmes à la poste ou les faire prendre par un tiers muni d’une autorisation annexée à l’avis qu’ils ont reçu.