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cité. Généralement riche, il habite presque toujours la ville et ne s’occupe que superficiellement de l’administration de sa terre, laissant ce soin à ses intendans, majordomes et sous-majordomes ; le produit est si abondant et si sûr qu’il ne fait pas seulement la fortune rapide de ceux-ci, mais qu’il laisse encore des rentes au propriétaire. Nous pouvons donner, pour établir sur des chiffres l’importance de cette industrie, le compte d’administration des quatre dernières années de deux estancias situées dans des parages différens. La première, de pâturages tendres et depuis longtemps peuplée, a donné les résultats suivans :


Années Têtes de bétails Morts Proportion Naissances Proportion
1871 18,645 204 1 1/2 pour 100 5,220 28 pour 100
1872 19,321 136 1 pour 100 5,796 30 pour 100
1873 19,750 1,580 8 pour 100 2,568 13 pour 100
1874 18,290 639 3 1/2 pour 100 4,023 22 pour 100

soit un revenu moyen de 20 pour 100 par le seul fait du croît en déduisant 3 pour 100 de morts ; mais il faut remarquer que de l’animal mort on retire le cuir, soit les deux tiers de la valeur qu’il avait vivant, que l’année 1873 a été une année désastreuse comme on en compte à peine une sur vingt, que la perte a été considérable, et le croît presque nul. À ces valeurs, il faut ajouter la plus-value de la vente des animaux gras : on voit par exemple qu’en 1871 les naissances ont été dans cet établissement de 5,000 net, et les ventes de 4,300 ; or les animaux pris au hasard, petits et grands, valent environ 30 francs, mais les animaux gras en valent au moins 50 ou 60. Nous trouvons donc comme résultat total pendant ces quatre années : 15,000 animaux vendus au prix minimum de 50 fr., — soit 750,000, 2,500 cuirs à 20 francs, 50,000, — formant un revenu total de 800,000 francs sans avoir diminué le capital primitif et ayant supporté une très mauvaise année et une médiocre ; le capital engagé était, terrain compris, de 800,000 francs environ, en adoptant même comme base les prix d’aujourd’hui. On trouve donc comme résultat d’une mauvaise période le capital remboursé en quatre années ou un revenu annuel de 25 pour 100, risques, pertes et frais déduits ; ces derniers sont presque insignifians et ne s’élèvent pas à 1 pour 100.

Nous avons fait le même calcul pour la même période sur une estancia située dans les régions de pâturages durs, en voici le résultat :


Années Têtes de bétails Morts Proportion Naissances Proportion
1871 28,560 214 3/4 pour 100 5,997 20 pour 100
1872 31,256 312 1 pour 100 6,251 20 pour 100
1873 31,150 8,722 28 pour 100 1,869 6 pour 100