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LA
RUSSIE DANS L'ASIE CENTRALE
ET LES OMBRAGES DE L'ANGLETERRE

I. Der russische Feldzug nach Chiwa, von Hugo Stumm. Berlin 1875. — II. Sir Henry Rawlinson, England and Russia in the East, 1875.

Les nomades d’origine tartare qu’on appelle Kirghiz n’ont pas seulement la réputation d’aimer passionnément le kumis, boisson préparée avec du lait de chamelle, et d’être de grands amateurs de thé, pourvu qu’on leur permette de l’assaisonner avec du sel et de la graisse de mouton. Les vrais Kirghiz ou Kara-Kirghiz, ou Kirghiz noirs, sont réputés aussi pour être de tous les peuples de l’Asie celui qui a le plus de curiosité naturelle, celui qui s’intéresse le plus à tout ce qui peut se passer chez lui ou hors de chez lui. Une nouvelle dans sa primeur est pour eux une véritable friandise de l’esprit, et l’homme qui prend ses jambes à son cou pour venir dans leur tente leur servir ce régal est assuré d’obtenir à tout le moins un aloyau en récompense. Aussi le métier de nouvelliste fleurit-il chez les Kirghiz, et la rapidité incroyable avec laquelle les bruits du jour, les faits divers fraîchement expédiés de la Chine ou de la Sibérie, circulent dans leurs vastes steppes, où il y a peu de chemins et beaucoup de chacals, a fait souvent l’étonnement des voyageurs. Si les Kara-Kirghiz sont les plus curieux des Orientaux, les plus curieux des Occidentaux sont assurément les Anglais. Rien de ce qui se passe sur la surface du globe ne leur est indifférent, ils aiment à recevoir des informations précises de tous les coins de l’univers, à savoir exactement ce qui se dit et se fait à Hong-kong et aux îles Fiji, quels événemens se