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travail et par une organisation financière dont les événemens ont démontré la solidité. La France a eu la bonne volonté qui n’aurait pas suffi dans la confusion, elle a été soutenue par cette organisation financière qui a résisté à tout, atténuant la ruine pendant la guerre, aidant a toutes les réparations après la lutte et coordonnant les ressources du pays sans trop le faire souffrir. Aussi est-il assez naturel qu’on hésite à toucher à cette organisation qui est devenue une des forces nationales. On s’est arrêté au premier moment devant la nécessité, et aujourd’hui encore M. Wolowski dit dans son rapport avec M. le ministre des finances : « Le moment n’est pas venu d’entreprendre une réforme financière. Les études commencées sur la révision des évaluations cadastrales et sur la péréquation de l’impôt foncier ne sont pas assez avancées pour qu’on puisse entamer une discussion utile. Quant à une transformation des taxes qui grèvent l’industrie et la circulation, il faut attendre que l’expérience en ait suffisamment constaté l’effet… » Tout cela est vrai, tout cela mérite d’être étudié, non pas avec une arrière-pensée de vaine popularité, mais sincèrement, mûrement. Il faut bien songer que, dans une administration à la fois simple et compliquée, tout se tient, et, sous prétexte de supprimer un abus ou un excès de réglementation facile à pallier, on risque d’affaiblir l’efficacité de tout un ensemble d’institutions. Ce serait une assez pauvre politique financière de trop s’attacher à des détails, et les meilleures réformes seront toujours celles qui, en assurant les ressources de l’état, en maintenant l’équité dans la répartition des charges, auront pour objet de stimuler l’essor de l’activité publique, de laisser le plus de liberté possible à la production nationale, au travail, aux intérêts de toute sorte.

Tout ce qui profite à l’industrie, à l’agriculture, au commerce, profite directement ou indirectement au crédit, aux finances de l’état, et sûrement l’assemblée, qui s’égare souvent en discussions inutilement passionnées, n’aurait pu mieux employer son temps qu’à étudier ces questions, à chercher le secret des réformes utiles dans des œuvres comme le rapport récemment présenté par M. le marquis de Dampierre, sur la création d’une école supérieure d’agriculture. Le rapport de M. de Dampierre est certainement fait avec soin, avec attention, avec une connaissance réelle de la vie agricole de la France. C’est plus qu’un rapport sommaire, c’est un travail intéressant et animé qui touche en passant à plus d’un problème politique, au développement de la société française depuis 1789, qui montre surtout comment l’agriculture est mêlée à toutes les vicissitudes de la fortune nationale, comment elle est intéressée aujourd’hui à profiter de toutes les lumières, de tous les progrès de la science. Il est certain que c’est là une des questions les plus sérieuses pour notre pays ; elle est d’autant plus grave qu’elle se lie au mouvement social lui-même, et ce qui se passe aujourd’hui c’est