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formés non par des eaux souterraines sortant sur place, mais par des eaux pluviales qui s’accumulent en hiver dans des cuvettes naturelles, d’où elles ne peuvent s’échapper et atteindre le thalweg de la vallée, c’est-à-dire le lit du Sebaou ; il suffisait d’ouvrir à ces eaux un débouché pour faire disparaître l’unique cause du mal. Dans le courant de l’année dernière, l’administration des ponts et chaussées a fait exécuter un vaste réseau de canaux de dessèchement qui comprend plus de 16 kilomètres et a donné déjà les meilleurs résultats. En même temps, et de concert avec la société, elle a adopté pour les plantations un projet d’ensemble dont l’exécution assurera dès maintenant l’assainissement complet du territoire, et plus tard aussi l’approvisionnement des colons en bois de construction et de chauffage. Les talus des canaux ont été garnis d’un grand nombre de jeunes arbres de toute espèce et en particulier d’eucalyptus ; le directeur du jardin d’essai du Hamma était venu d’Alger pour reconnaître l’état des lieux et choisir par lui-même les essences répondant le mieux à la nature et à l’exposition du sol : saules, trembles, osiers, peupliers, pour les parties basses et humides, frênes, mûriers, micocouliers, platanes, pour les endroits plus secs, allantes et robiniers pour les pentes rapides et argileuses, impropres à la culture. On a multiplié aussi les semis de ricin : cetie plante est en Algérie d’une végétation vigoureuse et dure plusieurs années ; la surface très développée des feuilles -contribue efficacement à annihiler l’influence des émanations paludéennes ; en outre la graine se vend jusqu’à 30 et 40 francs les 100 kilogrammes, et peut devenir la source d’un revenu important.

Dès que remise lui a été faite de sa concession, la société s’est empressée d’en tirer parti : les terres anciennement défrichées ont été louées aux Arabes soit à prix d’argent, soit contre un quart de la récolte pris sur pied. Depuis lors, en raison même des travaux de dessèchement, on a pu labourer aussi pour l’ensemencer de sorgho une superficie considérable de terrain sur lequel de temps immémorial la charrue n’avait point passé ; un garde à cheval aux frais de la société veille à ce que la rentrée du prix, de location se fasse exactement. Les 20,000 figuiers et les oliviers qui avoisinaient les fermes des indigènes dépossédés par la loi du séquestre ont été également loués sur enchères, et le revenu tout entier consacré aux travaux de plantation et d’assèchement ; ces arbres, répartis plus tard entre les lots des colons ou réservés selon le cas à la commune, constitueront pour le futur village une véritable richesse. Il en est de même de l’orangerie au pied du village indigène de Tadmeïn : plantée, comme toutes les orangeries arabes, dans une sorte de ravin à l’abri des vents du nord-est, remarquable par la grosseur et l’abondance de ses fruits, elle n’aurait