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UNE VISITE
AUX
EGLISES RATIONALISTES DE LONDRES

Le dimanche de Londres effraie généralement quiconque se propose de séjourner pour ses affaires ou pour ses plaisirs dans la capitale de la Grande-Bretagne. Aussi étonnerais-je peut-être en racontant que, dans mes dernières visites à Londres, j’ai toujours fait en sorte d’y passer le plus de dimanches possible. C’est que la lecture du curieux ouvrage publié l’an dernier sur l’Unorthodox London par le révérend Maurice Davies m’avait amené à ce raisonnement des plus simples : pourquoi l’Angleterre du dimanche désoriente-t-elle l’étranger ? Parce qu’elle s’absorbe dans sa vie religieuse. Qu’il la suive donc dans les diverses phases de cette évolution, et, pourvu qu’il soit suffisamment au courant de la langue, il verra se transformer en une source d’impressions nouvelles les longues heures dont la seule perspective le faisait bâiller d’ennui.

Comme le fait observer M. Davies, nulle part, depuis l’époque où les écoles de philosophie et de religion encombraient les rues d’Alexandrie, la vie religieuse ne s’est affirmée sous des formes plus exubérantes et plus diversifiées que dans la métropole de l’empire britannique. En consultant le London Post-office directory, j’ai trouvé la mention d’une trentaine de cultes différens, et, comme ce recueil se borne à donner les adresses des congrégations qui ont pignon sur rue, il faut y ajouter les innombrables sectes qui se réunissent dans des habitations particulières, dans des salles de concert et jusque sous les viaducs des chemins de fer. On devine quel champ d’études s’ouvre ici à l’investigateur des phénomènes religieux. Quelques-unes de ces sectes sont aussi étranges dans leurs pratiques que dans leurs dénominations. Je me bornerai à citer les