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LA GRECE ET LA TURQUIE
EN 1875

Les grands événemens accomplis dans ces dernières années ont eu leur écho en Orient ; ils y ont changé à bien des égards le courant des idées et y ont introduit des influences nouvelles qui cherchent à s’y rendre prépondérantes. Des faits locaux, d’une importance européenne secondaire, mais dont il est absolument indispensable de tenir compte, se sont produits. Je vais essayer de résumer dans les pages suivantes l’état des choses en plaçant le point de vue du lecteur dans Athènes, c’est-à-dire au lieu même d’où il m’a été donné de faire mes propres observations pendant huit années consécutives. Je passerai en revue les questions qui sont comprises dans ce qu’on appelle d’ordinaire « la question d’Orient, » et, si le lecteur veut se reporter à une étude du même genre publiée ici-même en 1869[1], il se rendra aisément compte du chemin que chacun des problèmes pendans a pu faire vers une solution.


I

Il n’y aurait pas en Grèce de question religieuse, si ce pays n’était le centre de l’indépendance hellénique et de cette nationalité dispersée qui se donne à elle-même le nom de panhellenium. En effet, depuis l’époque de Photius, l’église grecque ne s’est pas sensiblement modifiée : à partir des temps byzantins, elle n’a plus eu aucun rôle politique à jouer ; ce rôle, elle ne l’a point repris de nos jours, et, ce qui est pour la Grèce un bien inappréciable, le clergé n’a pas même eu la pensée d’entrer en antagonisme avec l’état. La Grèce ne paie point ses curés et ne donne à ses nombreux évêques qu’un faible traitement. Elle renferme quelques monastères

  1. Voyez la Revue du 15 décembre 1869.