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l’effet qu’elles produisirent dans le monde catholique, et la consternation où elles plongèrent cette foule de membres du petit clergé qui avaient acclamé les doctrines libérales du grand orateur du congrès de Malines. Quelques catholiques libéraux opiniâtres et subtils ne perdirent pas néanmoins tout espoir. N’allèrent-ils pas jusqu’à se flatter de concilier avec ces doctrines si formellement réprouvées l’encyclique et le Syllabus ? Ce fut sous l’empire de cette illusion que les promoteurs de l’assemblée générale des catholiques convoquèrent à Malines un troisième congrès en septembre 1867. Mgr Dupanloup, M. de Falloux et le père Hyacinthe y assistèrent ; mais dès le début on s’aperçut que la situation avait changé du tout au tout. Une adresse au pape mit le feu aux poudres. L’encyclique n’y était pas nommée, et cette omission provoqua d’aigres réclamations de la part de la minorité syllabisante ; en vain le président de l’assemblée, M. Dellafaille, déclara que a nul ne pouvait douter de l’adhésion absolue et sans réserve de tous les membres du congrès à l’encyclique de Pie IX et à l’encyclique interprétée au sens de Pie IX : » il était visible que le congres ne pouvait, sans se renier lui-même, adhérer à un document qui condamnait des idées et des principes qu’il avait naguère acclamés avec un enthousiasme si ardent et si sincère. D’un autre côté, comment protester sans tomber dans le schisme ? Que faire donc ? Se dissoudre, cesser de se réunir ; il n’y avait pas d’autre parti à prendre. C’est à ce parti en effet que s’arrêta l’assemblée générale des catholiques. Le catholicisme libéral avait vécu, l’encyclique et le Syllabus l’avaient tué, et avec lui le congrès de Malines.


II

Le catholicisme libéral ayant eu ses congrès, le catholicisme syllabisaflt a voulu avoir les siens, et on peut ajouter qu’il a calqué leur organisation sur celle de cette « assemblée générale des catholiques de Malines » dont nous venons de rappeler les tristes destinées. Comme à Malines, les congrès catholiques qui viennent de tenir leur session à Poitiers et à Reims, précisément à la même époque où l’assemblée de Malines tenait la sienne, étaient divisés en sections ayant chacune une série particulière d’œuvres et de questions à étudier. Les sections nommaient des commissions et celles-ci faisaient des rapports ou présentaient des résolutions que l’on discutait et que l’on votait en séance publique ; mais là s’arrêtait l’analogie, et ce n’est pas à Poitiers ou à Reims que l’on aurait pu entendre vanter les mérites de la liberté religieuse ou même de la liberté d’enseignement. Il est assez malaisé de s’expliquer pourquoi