Page:Revue des Deux Mondes - 1875 - tome 11.djvu/568

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
562
revue des deux mondes.

crues extraordinaires un limon fertilisant, n’en deviendraient que plus productifs pour l’agriculture. La destruction des digues et des barrages que nécessite un pareil travail, et qui peuvent être entraînés par les eaux lors des grandes inondations, quelle que soit la solidité de la construction, n’est point une objection suffisante pour faire oublier les immenses avantages qu’on en retirerait. Une difficulté plus sérieuse, la seule, à vrai dire, qu’on puisse invoquer, est celle de la dépense qu’entraîneraient de tels travaux ; cette dépense a été évaluée à 120 ou 130 millions.

Des ouvrages d’une nature spéciale ont été proposés pour défendre le faubourg Saint-Cyprien, la plus importante après Toulouse de toutes les localités situées sur le cours de la Garonne, dans la zone des inondations, et la plus exposée, car elle est bâtie sur un terrain bas et ne se trouve protégée que par le quai Dillon. Deux projets ont été examinés par les ingénieurs des ponts et chaussées : l’ouverture d’un canal qui longerait le faubourg en passant derrière les terrains occupés par les habitations, et l’agrandissement du pont de pierre du côté du quai Dillon. Ce dernier projet ne pourrait être réalisé qu’en reculant ce quai et en détruisant l’Hôtel-Dieu, qui se trouve à la tête du pont, afin de faire place à l’établissement de nouvelles arches. Ici encore il est à craindre qu’on ne recule devant les dépenses que nécessiteraient les expropriations et les travaux d’art, et cependant les événemens du mois de juin ont démontré que l’exécution de ces deux projets est indispensable pour la sécurité du faubourg tant qu’on n’aura pas établi dans la région pyrénéenne le système de déversoir dont il vient d’être question. Le canal de fuite proposé en arrière de Saint-Cyprien, et dont la construction a été évaluée à plusieurs millions, ne pourrait-il pas être exécuté avec une dépense beaucoup moindre en faisant travailler à tour de rôle les soldats de la garnison de Toulouse, tous aptes à ce genre de travail, puisqu’il ne s’agit que de creuser sur un terrain d’alluvion ? Quoi qu’il en soit du sort réservé à ces projets, le ministre des travaux publics a promis avant de quitter Toulouse, et après avoir jugé par lui-même de l’état des lieux, qu’il allait s’occuper sérieusement des moyens propres à éviter le retour de pareils désastres. À la suite d’une conférence tenue le 20 juillet à la préfecture avec les inspecteurs-généraux et les ingénieurs des ponts et chaussées, dans laquelle ont été exposés tous les projets indiqués par la science, M. Caillaux a déclaré qu’il allait faire reprendre les études commencées à la suite de l’inondation de 1855. Il a fait aussi connaître son intention d’organiser sur de larges bases aux divers points des Pyrénées des observatoires météorologiques dans le genre de celui que le général de Nansouty