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de la caisse syndicale, mesure appliquée dans beaucoup de corporations et notamment dans celle des notaires de Paris, qui prélèvent une part sur les honoraires perçus par chacun d’eux, destinée à former un fonds de bienfaisance ou de garantie pour les tiers. Ce paiement du timbre est en réalité un prélèvement sur le courtage perçu par les agens, lequel pour les opérations au comptant est de 1/4 et de 1/8 pour 100, pour les opérations à terme de 40 francs par 3,000 francs de rente 3 pour 100 et de 50 francs par 5,000 francs de rente 5 pour 100, enfin, pour toutes les valeurs qui ne se négocient que par fractions de vingt-cinq, de 50 centimes par titre ou de 1/10 par 100 francs de capital. A l’aide du produit des timbres, chiffre officiellement constaté à la chambre syndicale, il était facile d’apprécier d’une part la quotité des courtages perçus par la compagnie, et d’autre part le nombre des rentes ou des actions achetées ou vendues ; il n’échappait au calcul que le résultat des applications, c’est-à-dire des achats ou des ventes faites simultanément par le même agent, et on trouvait ainsi que le revenu des charges en moyenne avait, dans différentes périodes comparées entre elles, varié de 180,000 à 600,000 francs, représentant ensemble un mouvement de 640 à 1,440 millions de rentes ou de 21 à 48 millions d’actions. En comparant alors les progrès de la spéculation et ceux de l’industrie, le nombre des opérations de bourse qui passent en général pour avoir un caractère de spéculation était bon à mettre en regard des opérations commerciales qui attestaient l’essor plus rapide de l’industrie par rapport à la spéculation pure. Aujourd’hui les mœurs se sont bien modifiées : la spéculation n’est plus honnie et dédaignée, on la regarde comme une alliée indispensable du mouvement industriel et commercial ; il n’est donc plus nécessaire d’en déterminer les limites d’une manière aussi précise. Sans entrer par conséquent dans des détails à cet égard, on peut admettre comme hors de doute que les affaires de bourse ont pris une extension beaucoup plus grande. Non-seulement la fortune mobilière s’est considérablement accrue dans tous les pays, et surtout en France, mais chacun s’intéresse davantage dans les entreprises étrangères. Pour quelques-uns en effet, le placement sur des fonds d’états étrangers est la réserve des mauvais jours en vue de ces troubles révolutionnaires chroniques qui bouleversent toutes les fortunes ; pour une autre partie du public français, comme ces valeurs étrangères donnent en général des revenus d’autant plus gros que le capital lui-même est soumis à plus d’éventualités, c’est la possibilité de vivre