Page:Revue des Deux Mondes - 1875 - tome 11.djvu/639

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

là les limites entre lesquelles se rencontrent les distances qu’on a pu mesurer. Si prodigieuse que soit la vitesse de la lumière, c’est encore un messager boiteux pour les routes de l’univers : les dernières nouvelles qu’elle nous apporte des étoiles sont toujours vieilles d’au moins trois ans.

Pour avoir une idée quelconque de la grandeur réelle des intervalles qui nous séparent des étoiles les plus lointaines, on a dû recourir à des considérations fondées sur ce principe, qu’en général l’éclat des étoiles diminue à mesure que la distance augmente. Les étoiles, de première grandeur occupent en quelque sorte le premier plan, les classes suivantes s’échelonnent comme les plans successifs d’un paysage. Dans cette hypothèse, et en partant de certaines données empiriques sur la distribution des étoiles au firmament, M. Peters a trouvé que la distance moyenne des étoiles de première grandeur équivaut à 16 ans, celle des étoiles de seconde grandeur à 28 ans, et ainsi de suite. Pour les étoiles les plus faibles que puisse encore distinguer dans certains cas une vue perçante (7e grandeur) on aurait une distance de 170 ans. Les étoiles télescopiques forment les classes suivantes, dont le nombre n’est limité que par la puissance des lunettes. Pour distinguer les étoiles de la 16e grandeur, il faut déjà des instrumens d’un pouvoir optique exceptionnel. Ces astres sont certainement à des distances qui dépassent 5,000, peut-être 10,000 ans.

Il est bien entendu que ces évaluations ne représentent que des moyennes, d’autant plus exactes qu’elles portent sur un plus grand nombre d’étoiles ; elles supposent, comme tous les calculs de statistique, que les différences individuelles se compensent et disparaissent lorsqu’on opère sur des nombres très considérables. Il s’ensuit que le résultat le moins exact sera celui qui se rapporte à la première grandeur, qui ne comprend que seize ou vingt étoiles d’ailleurs très différentes d’éclat. Sirius par exemple, qui devrait être classé hors de pair, émet six fois plus de lumière que Véga ou Arcturus, qui sont pourtant comptées parmi les plus brillantes des étoiles de premier ordre. La distance de Sirius, déduite de la parallaxe de cet astre, s’accorde assez bien avec la distance moyenne de la première classe ; mais d’autres étoiles que l’on range dans la même classe sont peut-être beaucoup plus lointaines que ne l’indique cette distance moyenne et doivent leur éclat à un rayonnement exceptionnel. D’un autre côté, Alpha du Centaure, qui est de la première grandeur, et même de petites étoiles comme la 61e du Cygne, sont beaucoup plus près de nous : il y a donc bon nombre d’exceptions individuelles ; mais on peut les négliger quand les évaluations portent sur des milliers d’individus. Le nombre des étoiles contenues dans les six premières classes, qui comprennent