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moyens, et imprimait à son œuvre le cachet de l’uniformité sans tenir compte de la distance.

Nous n’insisterons pas davantage sur les détails des exploitations houillères en Amérique. Les données de la géologie, les méthodes d’extraction, ne diffèrent pas sensiblement de l’une à l’autre de ces mines et rappellent les exploitations européennes. Bornons-nous à mentionner que c’est dans l’état de Maryland qu’existent les fameuses mines de Cumberland, qui produisent le meilleur charbon pour la navigation à vapeur marine, l’égal de la qualité anglaise dite de Newcastle. Les steamers qui fréquentent le port de New-York n’en veulent pas d’autre. On calcule que le Maryland envoie pour cet usage 2 millions 1/2 de tonnes par an dans les ports de l’Atlantique, à Boston, New-York, Philadelphie, Baltimore, Washington, etc. Les ports de l’Océan ou des lacs sont du reste les plus grands consommateurs et les exportateurs naturels des houillères. La ville de Cleveland, qui est non-seulement le principal port du lac Erié, mais encore une cité industrielle de premier ordre, qui tend à rivaliser avec Pittsburg, Cleveland reçoit 1 million de tonnes des mines de l’Ohio et en exporte la moitié. A son tour, Chicago absorbe 1 million de celles de l’Illinois, de l’Iowa et de l’Indiana, Saint-Louis autant de celles de l’Illinois et du Missouri. Chacun des états producteurs expédie ses charbons jusqu’aux points où ils rencontrent ceux de la Pensylvanie ou des états voisins. Routes de terre, canaux, fleuves et rivières navigables, voies ferrées, tout est mis à contribution pour ce transport, où, comme pour le mouvement des céréales, chaque compagnie voiturière essaie d’attirer à elle le plus de trafic, tout en réduisant les tarifs au minimum.

Les combustibles qu’on exploite dans les états du far-west, comme le Colorado, et dans ceux du Pacifique, l’Orégon, la Californie, bien que de bonne qualité, sont moins prisés que ceux dont il a été jusqu’ici fait mention. Ce sont des combustibles d’un âge géologique plus moderne, ce qu’on nomme des lignites, des lignites parfaits si l’on veut, mais non plus de la véritable houille. Sans doute la texture du nouveau combustible ne rappelle point les fibres du bois, lignum, encore moins a-t-on affaire à un simple bois fossile. C’est un combustible minéral bien formé, noir, serré, bien qu’un peu cassant et friable et par momens terreux. Il est aussi moins bitumineux, moins riche en carbone que la houille proprement dite, et par conséquent d’un pouvoir calorifique moindre ; mais, comme il est chargé de matières volatiles et qu’il brûle à cause de cela avec une longue flamme, il s’adapte fort bien à certains usages, notamment le chauffage des chaudières à vapeur et même Ta fabrication du gaz ; aussi en certains points est-il exploité à l’égal de la houille.