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le passé ! L’Italie va-t-elle décidément avoir la visite de l’empereur Guillaume ? Les médecins, puisque ce sont les médecins qui décident de l’excursion impériale, n’ont pas encore donné leur ordonnance définitive, et l’ordonnance aura probablement le soin de ne point être en désaccord avec la politique. Toujours est-il que tantôt l’empereur Guillaume doit aller en Italie, tantôt il ne peut plus y aller. En attendant, l’Italie, qui se prépare à célébrer l’année prochaine l’anniversaire de la victoire de la ligue lombarde sur l’empire d’Allemagne, l’Italie d’aujourd’hui va de fête en fête. Elle vient d’avoir un congrès de savans à Palerme et un congrès de catholiques à Florence, au lendemain du centenaire de Michel-Ange. Tout se mêle sans se heurter, peut-être sans se contredire, dans cet heureux pays qui jouit de la liberté pratique la plus complète au sein de son indépendance reconquise, sous un roi qui a été le premier soldat de son affranchissement. Les dernières épreuves sérieuses qu’elle ait subies datent de près de dix ans ; elles ne sont plus que des souvenirs racontés aujourd’hui avec autant d’intérêt que de précision dans un livre publié par le capitaine Luigi Chiala, traduit par le commandant Lemoyne, attaché à la légation de France à Rome. C’est l’histoire de la campagne de 1866 et de cette bataille de Custozza où les Italiens, en étant vaincus, montrèrent qu’ils pouvaient disputer la victoire. Réorganisation de l’armée italienne à partir de 1859, préparatifs de la guerre, mouvemens de l’armée, épisodes du combat, tout est décrit avec un art à la fois exact et dramatique. Ce fut une crise sérieuse et émouvante ; mais l’Italie dès lors avait le vent dans ses voiles, elle était dans cette heureuse condition où elle devait profiter de tout, même de ses revers. Elle est aujourd’hui dans cette condition plus heureuse encore où la fortune qu’elle a conquise, sans être une menace pour personne, ne représente plus que l’indépendance, la liberté et la paix parmi les nations de l’Europe.

CH. DE MAZADE.



M. Benedetti nous adresse la lettre suivante :

Paris, le 24 septembre 1875.
Monsieur le directeur,

Vous avez publié, dans le dernier numéro de la Revue des Deux Mondes, un article de M. Klaczko qui m’oblige de vous demander une courte rectification. Je ne saurais assurément contester à personne le droit d’apprécier les événemens dont cet écrivain a entrepris l’histoire anecdotique et de juger comme on l’entend la part que j’y ai prise ; j’appelle au contraire de tous mes vœux, dans mon intérêt personnel autant que dans celui du gouvernement que j’ai eu l’honneur de servir,