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LA MUSIQUE
ET SES DESTINEES

I. The Music of the Future, by Franz Hüffer, London 1874. — D. Wagneriana, von A. W. Ambras, Leipzig 1875.


I

« Nous arrivons à un siècle où l’on n’écoutera plus que l’homme qui aura des opinions individuelles. On ne voit déjà plus que les demi-sots, les paresseux ou les timides répéter les opinions à la mode. » Jamais cet admirable raisonneur en médiocre style qui s’appelait Stendhal n’a pensé plus juste. La mode en effet nous cache le fond des choses, et, tant qu’elle règne, dispose de toutes les vérités ; heureusement que ce règne-là ne dure guère, et que la mode de la veille ne tarde pas à devenir la vieillerie du lendemain. Serait-ce que ce lendemain se lèverait déjà pour certaines théories musicales trop fameuses ? On le croirait presque à voir ce qui se passe en Allemagne, au pays d’où, nous vint la révélation. Naguère encore quiconque n’admirait, ne criait au miracle, était un réactionnaire absurde, un obscurantiste et, pis que tout cela, un philistin. Les femmes aussi s’étaient mises au jeu, et le passionnaient avec cette adorable dialectique minaudière, cette exubérance de vie nerveuse, et cette parfaite absence de conviction qui les caractérise en de telles rencontres. Il semble maintenant que le public se ravise ; après l’entraînement, voici le doute, après les folles ardeurs propagandistes la raillerie impertinente, et vous verrez que par un juste retour les véritables philistins pourraient bien être en fin de compte non pas les esprits restés dévots au culte de Mozart, mais tous ces fanatiques attardés qu’on appelle aujourd’hui la queue de Robespierre. La trilogie ou tétralogie sacramentelle n’est même