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UNE
EXPÉDITION AU MONT-BLANC

Le récit d’une ascension au Mont-Blanc paraîtrait presque banal aujourd’hui, si au charme très vif assurément, mais tout personnel, qui peut attirer le touriste, ne s’étaient pas ajoutés des motifs d’un intérêt plus général. Jusqu’ici le noble exemple donné par de Saussure a rencontré fort peu d’imitateurs, et les recherches scientifiques auxquelles semble inviter un observatoire sans rival sont encore assez rares pour qu’il ne soit pas inutile peut-être de raconter une expédition entreprise en vue de déterminer quelques-uns des élémens les plus importans de la physique du globe, et en particulier l’intensité de la radiation solaire.

La chaleur que le soleil envoie vers la terre ne nous arrive pas en totalité : l’atmosphère en absorbe une portion notable malgré l’apparente transparence des couches gazeuses qui nous environnent. Tout inévitable qu’est cette action perturbatrice, on peut, en s’élevant à une hauteur suffisante, l’atténuer singulièrement, et, ce qui est essentiel, l’atténuer dans un rapport connu. La comparaison des mesures faites à la base et au sommet de la même montagne permettra ainsi de calculer le nombre que l’on trouverait à la limite de l’atmosphère, et le résultat sera d’autant plus exact que l’influence à déterminer présentera aux deux niveaux des valeurs plus différentes, c’est-à-dire, en d’autres termes, que la distance verticale des deux stations sera plus considérable. Quel sommet conviendra mieux dès lors que le Mont-Blanc, la plus haute cime de l’Europe, jusqu’à laquelle cependant il n’est pas impossible de transporter quelques instrumens de physique ?