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Malheureusement l’année 1848 vint arrêter le cours de ces améliorations, et le gouvernement dut recourir de nouveau à l’émission du papier. Il décréta le cours forcé des billets de la Banque en même temps qu’il lui demandait de fortes avances. C’est pour en amoindrir l’importance, pour limiter la circulation de ces billets, comme pour solder les déficits du budget que de 1848 à 1864 furent émis huit emprunts successifs, dont le chiffre nominal s’élève à 2 milliards 518 millions de francs, et dont le plus important, celui de 1854, puisqu’il dépassait 1 milliard 500 millions, s’appelait emprunt national, parce qu’il fut souscrit avec empressement par le public autrichien comme étant destiné à fermer toutes les plaies du passé.

A partir de 1854 en effet et jusqu’à la guerre d’Italie, le gouvernement n’eut plus recours à l’emprunt ; pendant cinq années, l’ordre se rétablit progressivement. On espérait même arriver à la cessation du cours forcé des billets de la Banque en lui remboursant successivement les avances qu’elle avait faites pour racheter les billets de l’état retirés de la circulation, car alors la Banque aurait pu réduire à une proportion naturelle avec son encaisse l’émission de ses propres billets et reprendre les paiemens en espèces. La guerre avec la France, suivie à trop court délai de la guerre avec la Prusse, remit une troisième fois l’Autriche au régime de la monnaie de papier, des emprunts et du déficit. Cette fois il semblait bien que la fortune avait entièrement abandonné la monarchie des Habsbourg : à peine avait-elle tant bien que mal pourvu aux conséquences de la lutte qui lui coûtait la Lombardie, qu’une nouvelle défaite lui enlevait la Vénétie et la prépondérance en Allemagne, et que, de 2 milliards 250 millions, chiffre de 1847, la dette consolidée s’élevait à 4 milliards 800 millions en 1859, pour dépasser 6 milliards 300 millions en 1867. En même temps la dette flottante atteignait à cette dernière date plus de 1 milliard, tandis qu’elle ne dépassait guère 300 millions en 1859 ; mais par contre la dette avec la Banque s’était réduite de 750 millions à 200. Ce dernier résultat mérite d’être expliqué,

La Banque d’Autriche diffère à beaucoup d’égards des banques d’état de France et d’Angleterre. C’est ainsi, pour n’en citer qu’une preuve caractéristique, que, dans ses opérations, elle comprend le prêt sur immeubles, qui, dans notre pays, appartient spécialement au Crédit foncier. Le caractère spécial de cet établissement est de servir avant tout aux besoins de l’état. En 1816, la création de la Banque a pour but d’éteindre une partie de la rente consolidée, les dix onzièmes de son capital sont donc immobilisés en obligations de la dette définitivement amorties, et c’est avec un simple fonds de roulement de 5 millions que la Banque garantit le remboursement