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diminuer les salaires, le gouvernement, sollicité d’aider à la liquidation progressive des sociétés dont la Banque nationale se refusait d’accepter le papier, mais qui méritaient encore quelque crédit, n’avait pas tout d’abord voulu compromettre la réserve prudemment acquise, destinée peut-être à couvrir ses dépenses militaires ; il avait mieux aimé demander aux chambres l’émission d’un emprunt de 80 millions de florins argent, ou 200 millions de francs, dit emprunt de secours, avec lesquels on se proposait de constituer des caisses d’état d’avances, afin de soutenir les compagnies ou les individus qui, privés des ressources de la Banque nationale, auraient pu ou continuer leurs affaires ou les liquider avantageusement. On voulait aussi trouver le moyen de pousser plus activement encore les travaux de chemins de fer. Les chambres votèrent à la fin de 1873 la loi présentée par le gouvernement ; mais, au lieu d’émettre le nouvel emprunt de 200 millions argent, celui-ci préféra fournir ces subventions sur les réserves disponibles des rentes émises en vertu de la loi de 1867, qui l’autorisait à créer de la nouvelle rente unifiée en proportion des anciennes dettes amorties. Il concéda ainsi à un syndicat dirigé par MM. de Rothschild et de Wodianer au taux de 67 1/2 pour 100, 67 millions de rente-papier qui furent écoulés au fur et à mesure des besoins. Cette réserve de rente n’est pas encore épuisée, puisque la loi des finances du 22 décembre, qui fixe les prévisions du budget de 1875, autorise le ministre des finances à émettre de ces titres pour un capital nominal de 12 millions de florins, afin de couvrir le déficit prévu de 8 millions. La commission du budget de la première chambre évalue encore à 40 millions de florins ce qui reste de disponible sur cette ressource. Quoi qu’on en dise, vendre de la rente mise en réserve ou destinée à être amortie, c’est emprunter, et c’est là le résultat ordinaire du déficit ; si les embarras grandissaient encore, il ne resterait plus qu’à recourir à une surcharge des impôts, mais après les 3 pour 100 d’impôt extraordinaire ajoutés depuis quelques années à l’impôt foncier, sur les loyers, les patentes, après le doublement de l’impôt sur le revenu, la mesure paraît comblée. La prudence et l’économie s’imposent donc plus que jamais, et c’est surtout dans l’absence de toute participation à des entreprises industrielles que le gouvernement trouvera le moyen de réparer le mal dont l’Autriche souffre depuis deux ans. L’industrie privée sait d’ailleurs se relever de ses propres excès, elle seule doit payer ses pertes, puisque seule elle profite des bénéfices. Après quelques orages, les beaux jours renaîtront ; déjà les symptômes d’une recrudescence dans les affaires se manifestent par la reconstitution de quelques entreprises. — Cette situation momentanée une fois exposée, comme c’était notre