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rendus. Le bras de la femme en deuil paraît trop long, et l’avant-bras de la jeune fille drapée de violet semble trop court. Dans le fond, une femme à demi nue est couchée contre un arbre dont le tronc cotonneux est si galant qu’il s’ouvre et qu’il se ploie comme pour former un lit. Littéralement la belle endormie est encastrée dans l’arbre.

Pour symboliser la musique pastorale, M. Barrias a peint l’éternelle scène de la Sicile ou de la campagne de Rome, inspirée par les Idylles ou par les Bucoliques. C’est pendant l’ardeur du jour ; un pâtre assis sur un tertre, à l’ombre d’un hêtre, accompagne de la flûte une jeune fille qui chante, un papyrus déroulé à la main. Un laboureur couché sur l’herbe reçoit de son compagnon une coupe de bois remplie de lait. Une femme sommeille, la tête posée sur la poitrine robuste du laboureur. A gauche du joueur de flûte, une femme étendue donne le sein à son plus jeune enfant, tandis que l’aîné, un gamin de quatre ans, se roule sur l’herbe en soufflant dans une double flûte. Cette scène n’est pas dépourvue d’un certain caractère. La Musique amoureuse représente une scène du Décaméron, dont les dix jours ont été dix siècles de la molle Campanie. Par une claire nuit du ciel napolitain, dans le jardin de quelque villa patricienne, un jeune chevalier parle d’amour à sa maîtresse, tandis que deux aulètes et un cythariste accompagnent ses paroles sur le mode ionien. Le couple est mollement étendu sur une large balustrade de marbre, qui par parenthèse semble une couche un peu dure pour des Campaniens, voisins et rivaux des Sybarites. Au loin, la mer s’étend jusqu’à Neapolis, dont on voit briller les lumières nocturnes. La figure de la jeune femme couchée, seul point clair du tableau, est d’une gracieuse attitude, mais l’expression et les traits sont vulgaires.

Le plafond est occupé par une grande composition mythologique. La scène se passe dans le ciel, comme disaient les vieux mystères des confrères de la Passion ; mais est-ce le ciel des olympiens ou le système planétaire personnifié ? Si la première conjecture est juste, pourquoi cette abondance de sphères sur lesquelles s’appuient toutes ces figures : Mars, travesti en soldat romain, Vénus, d’une charmante pose, mais d’un dessin lâché (l’attache de la jambe gauche tout à fait manquée), Diane, qui, en dépit des ombres bleuâtres qui marbrent son dos, profile une jolie silhouette renaissance ? Si nous devons admettre la seconde conjecture, pourquoi Iris, qui n’a jamais été identifiée avec une planète ? Au milieu du plafond, Apollon, qui conduit le quadrige d’Hélios, s’enlève en clair sur l’orbe blanc et lumineux du soleil. On comprend l’effet de hauteur et d’éloignement cherché par cette note décolorée contrastant avec les