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des pauvres, le work-house, l’hôpital des folles, dans l’île de Blackwell, — l’hospice des soldats invalides, l’asile des ivrognes, l’hôpital des fous, le refuge et l’hôpital des émigrans, dans l’île de Ward, — l’hôpital et l’asile des enfans, l’école des idiots, dans l’île de Randall.

Le steamer, en continuant sa course rapide, entre bientôt dans ce bras de mer qu’on nomme le Sound, et qui est comme une seconde rivière de l’Est démesurément élargie. Là, à 16 milles des quais de New-York, se dresse tout d’abord une autre île, l’île de Hart, où est le dernier asile des indigens, celui où ils viennent reposer pour toujours, et que la municipalité appelle, le prenant sous sa protection, « le cimetière de la ville. » Dans le même endroit est « l’école industrielle, » où sont façonnés patiemment aux bonnes mœurs et aux saines études les petits vagabonds qui ont eu des comptes à rendre à la justice ; enfin c’est à l’île de Hart que jette l’ancre, quand son service ne le porte pas sur les hautes mers, le navire où est « l’école nautique, » celle où d’autres enfans indisciplinés et vicieux sont envoyés pour apprendre un peu par force le métier de mousse et de novice, et aborder plus tard, s’ils le veulent, la rude et honnête profession de marin.

Toutes les institutions qu’on vient de nommer dépendent du département de charité publique et de correction, department of public charities and correction, qui forme une des branches les plus intéressantes de l’administration municipale de New-York ; il a encore sous sa surveillance le magnifique hôpital central de Bellevue, dont les fenêtres s’ouvrent sur les berges animées de la rivière de l’Est et dans la 26e rue. La Morgue, cet établissement indispensable aux grands centres de population, ressortit également à ce département. Enfin on a poussé l’amour du prochain jusqu’à imaginer non-seulement un bureau de secours pour les pauvres honteux, les malades indigens cloués chez eux sur leur grabat, mais encore un bureau de placement pour les gens sans travail. Ce dernier est établi dans un des quartiers les plus fréquentés de New-York, et l’on y vient en aide chaque année, en leur trouvant une place en ville ou à la campagne, à 45,000 individus des deux sexes. Faut-il ajouter que la municipalité de New-York prend soin des orphelins abandonnés, même des enfans de couleur, qu’elle a cinq hôpitaux pour les cas de médecine et de chirurgie générale, et six hôpitaux spéciaux pour le traitement des maladies contagieuses ? À ces onze établissemens sanitaires se joignent deux « hôpitaux de réception, » où les premiers soins sont donnés sur place aux personnes blessées ou tombées malades dans la rue.

Le département de charité et de correction a ses bureaux dans un édifice particulier, à façade monumentale en grès rouge, qui