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CONTES ET ROMANS
DE L’ANCIENNE ÉGYPTE

I. Chabas, Mélanges égyptologiques, 3e série, 1874. II. G. Maspero, Du Genre épistolaire chez les anciens Égyptiens, Paris 1873.


I

Pour que la fiction émeuve et charme, il faut, si j’ose dire, qu’elle soit sincère. Tels sont les contes, vieux mythes naturalistes tombés dans la conscience populaire, les légendes héroïques ou sacrées, et les romans de mœurs nationaux. Notre roman historique et archéologique est en art un genre faux. Une étude consacrée ici à l’œuvre de M. George Ebers, une Fille de roi d’Égypte, l’a peut-être prouvé d’abondance. Pour montrer combien les œuvres sincères et vraies dépassent l’artifice des érudits, on voudrait rappeler le sujet et la manière de quelques romans ou contes égyptiens originaux, tels que le roman des Deux Frères, le conte du Prince prédestiné, le Roman de Setna et l’Épisode du Jardin des fleurs, sans oublier la belle légende hébraïque de Joseph, de style égyptisant, sinon égyptien.

De la vallée du Nil, qui plus qu’aucune autre contrée est la terre sainte, la patrie vénérable de la civilisation, on ne connaît guère encore que les inscriptions monumentales gravées sur les murailles des temples, des pylônes et des hypogées. L’Égypte des pharaons se dresse ainsi pour nous solennelle et formidable, non sans austère tristesse, dans un mystérieux éloignement. On imagine que ces peuples n’ont songé qu’à conquérir la terre, à creuser les