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647 millions pour les exportations ; ces chiffres diffèrent peu de ceux de l’année 1863.

Le mouvement maritime de l’Inde est représenté, entrées et sorties réunies, pour l’année 1872, par 45,885 navires jaugeant 8,333,638 tonneaux. En comparant ces chiffres à ceux du premier exercice de la période décennale, — 41,501 navires jaugeant 5,612,205 tonneaux, — l’on voit que le nombre des navires est resté stationnaire, tandis que le tonnage a presque doublé. Pendant ces dernières années, une double métamorphose s’est accomplie dans le matériel de la flotte marchande de l’Angleterre. Les grands clippers ont d’abord remplacé les navires de faible tonnage ; depuis le percement de l’isthme de Suez, les steamers disputent à la marine à voiles le fret des mers indiennes. Les efforts de l’industrie moderne, sans résoudre le problème de la suprématie des deux grandes métropoles indiennes, ont développé autour d’elle des élémens nouveaux et considérables d’activité et de richesse. Si le port de Bombay, par l’ouverture du canal de Suez, se trouve de dix jours de navigation à la vapeur plus rapproché de l’Europe que le port de Calcutta, le réseau des chemins de fer indiens est singulièrement favorable à ce dernier. On ne compte que 560 milles de Calcutta à Allahabad, point de jonction de l’East Indian railway, qui traverse les provinces nord-ouest et le Pendjab, et de l’Indian Peninsula, tandis que la distance de Bombay à Allahabad s’élève à 850 milles. La ligne de Calcutta traverse le riche bassin houiller de Ranee-gunge, et obtient son combustible à un prix bien inférieur à celui que paie le chemin de fer péninsulaire, dont tout le combustible est tiré de l’Europe. L’influence du canal de Suez se fait sentir au port de Bombay par l’augmentation de la navigation à vapeur, qui en 1872 s’élève à 88 steamers à l’arrivée et 90 à la sortie contre 75 et 76 dans l’exercice précédent. L’achèvement de l’œuvre de M. de Lesseps a aussi immédiatement provoqué les ports de Gênes, de Trieste, Constantinople et Odessa à ouvrir des relations directes avec l’Inde. Le succès a couronné les efforts des armateurs de Trieste, et en 1872 les exportations de Bombay à destination de l’Adriatique se sont élevées à 20 millions de francs. Les tentatives faites par le gouvernement russe ont été moins heureuses : le service de steamers qu’il avait pris sous son patronage n’a eu qu’une courte et infructueuse existence.

Examiner article par article les statistiques commerciales de l’Inde serait sortir des limites de cette étude ; nous nous contenterons de parler des produits nouveaux qui y tiennent déjà une belle place sans avoir atteint tout le développement que l’avenir leur réserve : en première ligne, le riz de la Birmanie anglaise, le jute, le thé, le café, le coton.