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véritable intérêt. Au dernier siècle déjà, des efforts officiels avaient été faits pour améliorer les espèces indigènes. En 1829, pour la première fois, des semences de Upland, Georgia, Sea-Island, Demerari, furent introduites par la Société royale d’agriculture de l’Inde, et le gouvernement accorda les subsides nécessaires aux premières expériences. Le climat, trop chaud et trop humide, des environs de Calcutta, où les essais eurent lieu, ne convenait aucunement aux semences exotiques, et les résultats furent de tout point défavorables. Dix ans après, un agent envoyé par la cour des directeurs ramena d’Amérique dix planteurs expérimentés et des semences variées, et les expériences furent reprises sur une vaste échelle dans les trois présidences. Les graines américaines ne donnèrent que de mauvais résultats dans les terrains du Bengale, même les plus favorables aux espèces indigènes. Dans la présidence de Madras au contraire, les documens officiels constatèrent que les semences exotiques avaient un rendement supérieur en quantité et en qualité. Les résultats ne furent pas aussi complètement favorables dans les diverses parties du gouvernement de Bombay, où la culture du coton est le plus répandue ; négatifs dans le Dharwar, ils ne laissèrent rien à désirer dans la province de Guzerate. On remarqua même que dans certaines saisons, lorsque la plante indigène se flétrissait sous l’action du froid ou des vents chauds, le coton américain résistait vigoureusement à ces influences délétères. Ces résultats variables doivent être attribués, comme la suite l’a prouvé, au mauvais choix des localités et à l’application exclusive du système de culture américain. Dans un pays aussi vaste que l’Inde, l’expérience et le temps peuvent seuls indiquer le sol et le climat particulièrement favorables à certains produits. Quant aux procédés de culture, sur les lieux mêmes où les méthodes américaines n’avaient pas réussi, les semences exotiques soumises aux vieilles routines indiennes donnèrent plus tard d’excellens produits, par exemple dans les districts de Khandeish et de Dharwar, présidence de Bombay, et dans l’Inde centrale.

Ces succès nous autorisent à dire quelques mots des procédés traditionnels pour la culture du coton dans l’Inde. Le fermier natif, et particulièrement le cultivateur de l’Inde centrale, comprend la nécessité de la rotation des récoltes, et ce n’est que rarement et exclusivement pour les céréales que les terres reçoivent les mêmes semences. Le coton, par la force de la plante, l’épanouissement et la profondeur des racines, fatigue singulièrement le sol, qu’il excite fiévreusement ; aussi n’est-il semé qu’après les plantes à semences rondes, pois ou fèves. Les décompositions végétales de ces graminées fournissent à la terre un engrais suffisant dans les terrains noirs