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exercice, et c’est avec cela qu’elle maintient 5 logis, 15 écoles de nuit, 21 écoles industrielles, 3 salles de lecture en ville, et qu’elle pourvoit à tous les autres frais, tels que ceux de l’émigration et du placement des enfans. Ajoutons qu’elle reçoit de beaucoup de ses adhérens et même de quelques étrangers des dons en nature de toute sorte, surtout des vêtemens, des chaussures, des jouets, des friandises, des livres, et que bon nombre de personnes riches se font à la fois un devoir et un plaisir, à certaines grandes fêtes, de donner ce jour-là à dîner aux enfans. Ce dîner est surtout obligatoire au jour d’action de grâces, le thanks giving day, où il est de tradition de remercier le ciel de la conservation de la république américaine, et au jour de Noël, la christmas, si impatiemment attendue des garçons et des petites filles dans tous les pays d’origine britannique. En été, ce sont d’autres plaisirs, ce sont des excursions en bateau à vapeur dans la magnifique baie de New-York, le long des bords majestueux de l’Hudson, ou des rives verdoyantes de la rivière de l’Est, ce sont aussi de joyeux pique-niques sur l’herbe à la campagne. Le public, à sa tête les principaux banquiers et négocians de Wall-street, se cotise pour procurer ces distractions aux enfans. Un jour de gaie promenade au grand air, le spectacle un moment entrevu des beautés resplendissantes de la nature, dont ils ne sont que trop privés, que faut-il de plus à ces pauvres déshérités ? On a remarqué que dans toutes ces courses leur conduite est irréprochable, et qu’ils emportent toujours quelque profit moral de ces pittoresques excursions, qui sont du reste familières à toutes les classes de ce pays. Quelquefois un riche marchand, un nabab de la finance, fait à lui seul les frais de ces coûteux amusemens, et donne sa bourse toute pleine pour ces bambins qui sautent de plaisir ; une autre fois c’est une grande dame qui ouvre à ces joyeux essaims les portes de sa villa à deux battans, et qui est fière de leur servir elle-même de ses mains aristocratiques une collation de fruits et de gâteaux : jamais aucun dégât, aucune plainte ; les enfans n’ont pas ici la turbulence et ne se livrent pas aux bruyans écarts qui les distinguent dans quelques pays latins.

D’autres petites fêtes, d’une nature à la fois plus calme et plus intime, se renouvellent à chaque instant et de façons très variées. Il se passe peu de semaines qu’une dame du voisinage, dans les écoles industrielles ou les logis, ne convie les enfans à ce qu’on appelle là-bas « des parties de fraise et de crème glacée. » A d’autres momens, on leur donne un bal, une petite représentation théâtrale, et l’on sait si les enfans sont partout friands de ces genres de plaisir. Les petits bohèmes de New-York savent par cœur tous les drames, toutes les farces de tous les théâtres populaires. comme ils n’y puisent pas d’ordinaire les meilleures leçons, il est bon de les attacher, de les