Page:Revue des Deux Mondes - 1875 - tome 8.djvu/207

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
UN VOYAGE
AU CŒUR DE L’AFRIQUE

The Heart of Africa, three years’ travels and adventures in the unexplored régions of central Africa, by Dr G. Schweinfurth, 2 vol.; Londres 1874.

Le spectre de la fièvre qui habite les marais pestilentiels du Haut-Nil n’effraie pas, malgré tant de victimes qu’il a déjà dévorées, les hommes qu’une ardente curiosité attire vers l’inconnu. Sur les traces de ceux qui ne sont pas revenus s’élancent sans cesse de nouveaux explorateurs résolus à braver les chances d’un climat meurtrier et toute sorte de dangers prévus. Un nom nouveau est venu s’ajouter depuis quelques années à la liste de ceux qui brillent dans les fastes de la science militante, un voyageur de plus a raconté les merveilles de l’Afrique équatoriale : c’est le docteur George Schweinfurth, l’explorateur de la région des Niams-niams et des Akkas. Né en 1836 à Riga, en Livonie, George Schweinfurth manifesta de bonne heure un goût décidé pour la botanique, et c’est à l’étude de cette science qu’il ne tarda pas à se consacrer tout entier. A peine eut-il pris ses grades universitaires qu’il fut chargé en 1860 de classer et de décrire les plantes de l’herbier que le baron A. de Barnim, le compagnon de Robert Hartmann, venait de rapporter des régions du Haut-Nil. Les richesses de cette collection lui inspirèrent le désir de faire une plus ample connaissance avec la flore de l’Egypte et de la Nubie, et dès 1863 il foula le sol africain. Après avoir herborisé dans le Delta, parcouru pendant quelques mois la Mer-Rouge dans son propre bateau, traversé à plusieurs reprises la région côtière et séjourné quelque temps sur les terrasses inférieures du massif