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outre l’école militaire, celles des beaux-arts et des arts et métiers à Iassy, une école des beaux-arts et un conservatoire de musique à Bucharest, une école de commerce à Galatz, et l’institut agricole de Panteleimon. Ces divers établissemens, pour lesquels l’état payait 1,260 professeurs et 2,302 maîtres et maîtresses d’école vers 1868, ne sauraient pourtant être très florissans, s’il est vrai que réunis ils ne comptent guère tous ensemble plus de 3,000 élèves. L’instruction publique et le culte figurent sur le dernier budget annuel pour une dépense de 8,330,000 francs.

Bien que l’état ait certainement plus fait pour l’enseignement supérieur que pour l’instruction populaire, hors des villes, le premier laisse également à désirer; nous doutons même un peu que l’on y soit dans une très bonne voie, attendu qu’en Roumanie comme en Hongrie on a cru devoir, pour mieux affermir la nationalité, s’attacher au principe qu’il ne doit y avoir d’enseignement public que dans l’idiome national. Cette mesure va contre son but dans un pays où l’organisation de l’enseignement supérieur est encore très incomplète dans la plupart de ses branches; en excluant des chaires du pays tout étranger auquel l’idiome n’est point familier, elle en éloigne les hommes d’un mérite éprouvé. Or tout le monde sait que les Roumains ont pour apprendre les langues vivantes non-seulement la même facilité que les Slaves, mais mille occasions dans les familles et l’entourage des classes supérieures, ainsi que dans les pensionnats où elles envoient leurs enfans. Aussi l’usage du français et la connaissance de l’allemand sont-ils aujourd’hui plus répandus que jamais. Ni le roumain, ni le magyar, n’ont retiré un profit de leur condition privilégiée, car les langues ne se forment, grandissent et se perfectionnent qu’avec l’esprit même des nations, non pas à l’ombre d’un régime exclusif, mais en raison de la liberté qu’on y laisse au commerce des idées.

Un des besoins les plus pressans, en vue duquel l’école préparatoire de Bucharest a été érigée en faculté de médecine, est celui de l’organisation du service médical. D’après la statistique, il n’y a pas aujourd’hui 500 médecins et chirurgiens (1 pour 10,000 habitans), ni plus d’une centaine de pharmaciens (1 pour 50,000 âmes) dans tout le pays. Encore les médecins ne sont-ils en général que de simples officiers de santé. Dans quelques villes, il est vrai, notamment à Bucharest, on trouve d’excellens médecins; mais les habitans de la campagne, réduits aux consultations sibyllines des bonnes femmes, doivent manquer presque entièrement de secours dans leurs maladies malgré la grande activité que déploie, depuis des années, pour y suppléer, l’infatigable docteur Davila, inspecteur-général du service sanitaire de l’armée.

Si l’organisation de l’enseignement public eût pu être poursuivie