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français, ont compris qu’ils ne devaient pas laisser compromettre et altérer une alliance si naturelle, et parmi les libéraux de l’Italie qui, de leur côté, ont contribué à ce résultat, M. Boncompagni est certes un des plus éminens. C’est un des fondateurs de l’indépendance italienne, un des coopérateurs de Cavour. Il a été toujours un des défenseurs de l’alliance française, fidèle avant tout à son pays sans doute, attristé par les dispositions hostiles qu’il croyait entrevoir dans ces dernières années, mais persistant jusqu’au bout à espérer le retour de fortune qui a fini par arriver pour les relations des deux pays. M. Boncompagni écrivait, il y a deux ans, un livre sur la France et l’Italie, il vient de publier une nouvelle étude sur la France depuis le 24 mai 1873, et dans les deux ouvrages se retrouve l’esprit supérieur qui voudrait voir notre pays un peu moins révolutionnaire et un peu plus libéral, mais qui ne cesse de croire que la France a un rôle nécessaire dans la civilisation européenne, qui garde sa foi à la France jusque dans le malheur.

Le 24 mai, bien moins par ce qu’il a fait que par les conséquences qu’il a pu avoir, a été la vraie crise dans nos relations avec l’Italie ; c’est cette crise que M. Boncompagni a étudiée en homme éclairé et inquiet ; qui a vu le danger de près, qui s’est senti placé entre les intérêts de son pays menacés et ses vieilles inclinations pour la France. Cette épreuve n’a point duré. La marche des événemens a dissipé les soupçons et les craintes en fixant la France dans une voie où ses relations extérieures peuvent rester ce qu’elles doivent être. C’est la France libre, maîtresse d’elle-même, sous la république ou sous la monarchie constitutionnelle, que désire M. Boncompagni, exprimant en cela le sentiment intime de ses compatriotes. On aura beau faire, on ne changera pas la nature des choses. Des circonstances accidentelles, violentes, peuvent jeter l’Italie dans d’autres combinaisons hasardeuses, artificielles, pleines de périls ; il y a pour elle, et elle le sent, c’est la pensée de ceux qui la guident, il y a pour elle des alliances toutes simples, naturelles, qui ne lui coûtent rien, parce qu’elles ne lui demandent que de rester elle-même, indépendante et libre par la politique qui l’a faite ce qu’elle est.


CH. DE MAZADE.



LES CLIMATS DES HAUTEURS,
Influence de la pression de l’air sur la vie de l’homme, par le Dr D. Jourdanet, 2 vol., Paris 1875 ; Masson.


Dans son livre de la Montagne, M. Michelet constate la dépopulation de l’Engadine et l’impression mélancolique qu’elle produit sur le voyageur. « Les citoyens qui votent, qui règlent les affaires et qui envoient aux assemblées de Coire ne sont pas bien nombreux ; les autres, simples habitans, n’ayant guère part à la vie politique, regardent peu