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n’entreprendrons pas la tâche inutile et ingrate de les renverser. Reste donc la première, qui parait, dans une certaine mesure au moins, adoptée par quelques physiologistes de notre époque ; il faut toutefois faire une réserve. La classification psychologique de Gall est absolument arbitraire. Napoléon, dans ses entretiens à Sainte-Hélène, l’a jugée avec justice et sévérité, Il Gall, disait-il, attribue à certaines saillies des penchans et des crimes qui ne sont point dans la nature, qui n’existent dans la société que par l’effet de la convention. Que deviendrait l’organe du vol, s’il n’y avait pas de propriété, l’organe de l’ivrognerie, s’il n’y avait pas de boissons spiritueuses, l’organe de l’ambition, s’il n’y avait pas de société ? » En un mot, Gall a imaginé des facultés qui n’existent pas, la combativité, la douceur, la tendance au suicide, et bien d’autres billevesées de pareil ordre. Est-ce à dire que nous ayons une meilleure classification à lui opposer ? Non, sans doute, et personne n’oserait appliquer à une science aussi positive que la physiologie les données d’un classement analytique des facultés de l’intelligence, qui est nécessairement arbitraire. Aussi les physiologistes contemporains ne prétendent pas trouver dans le cerveau la localisation des facultés et des tendances morales. Leurs vues sont plus modestes, ils cherchent à déterminer les points qui sont le centre des mouvemens associés ; mais pour faire comprendre ces recherches, il nous faut entrer dans quelques détails sur l’anatomie et la physiologie du cerveau.

Le système nerveux central se compose de deux parties, la moelle. épinière et l’encéphale. L’encéphale, renfermé tout entier dans la cavité crânienne, comprend lui-même le cerveau, le cervelet et la moelle allongée, par laquelle il se relie à la moelle épinière. Tous ces organes sont constitués par un tissu spécial qu’on appelle tissu nerveux, lequel est lui-même formé par des cellules et des fibres. Les cellules sont l’élément actif de la substance nerveuse, tandis que les fibres paraissent être seulement des agens de transmission. On peut, même sans le se« cours du microscope, reconnaître où sont les cellules et où sont les fibres. En effet, les cellules forment la plus grande partie de la substance grise, et la substance blanche est constituée tout entière par une infinité de ces petites fibres entourées d’une gaîne épaisse de matière grasse.

La substance grise forme deux systèmes distincts reliés entre eux par la substance blanche. Le premier système et sans contredit le plus important est l’axe encéphalo-médullaire, qui commence au cerveau et ne se termine qu’à l’extrémité de la moelle épinière. C’est lui qui élabore la plupart des actes musculaires, c’est par lui que les perceptions sont transmises à la conscience. Seulement cette substance grise n’est pas par elle-même capable d’entreprendre des mouvemens spontanés. Lorsqu’elle est séparée du cerveau, elle peut encore exciter par l’entremise £es nerfs les muscles à se contracter ; mais cette excitation ne saurait