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Chargés de houille ou de coke, ces wagons se vident en dessous ou sur le côté, par une trappe ou en basculant. Les wagons à minerai sont du même système.

Tous les wagons à marchandises comme ceux à voyageurs sont attelés les uns aux autres par des modes particuliers d’attache. Les roues sont en fonte de fer, mais un soin méticuleux est apporté à la fabrication. Les différens systèmes de ressorts de suspension, de freins, mériteraient d’être décrits[1]. Tout le matériel roulant, locomotives ou voitures diverses, appartient généralement aux lignes sur lesquelles il circule ; mais quelques-unes de ces lignes louent leur matériel à des compagnies particulières, dont une, celle dite United-States rolling stock company, imitée de celles qui fonctionnent en Angleterre, fait d’assez bonnes affaires. Étant donné le caractère américain, si souvent imprévoyant, qui va toujours au plus pressé, c’est là une institution qui chez eux doit réussir. Après avoir construit un chemin de fer, on s’aperçoit tout à coup qu’on n’a plus assez d’argent pour le munir d’un matériel roulant nécessaire, ou compléter celui-ci ; on le loue. De grands exploitans, de simples particuliers, louent aussi de ces voitures et les font circuler sur une ligne en payant le droit de parcours.. Tel marchand de grains de Chicago envoie ainsi directement son blé à New-York. De même le grand montreur de bêtes, le fameux Barnum, ne fait jamais autrement voyager son cirque qu’en louant à la compagnie du Rolling stock tout le matériel dont il a besoin pour lui, ses gens et ses animaux, et qu’il marque à son nom.

Les wagons à bagages, baggage-cars, n’offrent rien de particulier ; mais il faut décrire au moins la façon à la fois rapide, sûre et économique dont les bagages sont enregistrés et délivrés à destination. Il est rare qu’on les pèse. L’homme expert qui préside à ce service juge à l’œil, pour gagner du temps, si vous dépassez le maximum de 50 kilogrammes généreusement attribué à chaque voyageur. Cela fait, il attache à la courroie ou à la poignée de votre colis une rondelle de laiton. Celle-ci porte un numéro d’ordre, le nom de la ligne que vous prenez, et quelquefois le lieu de départ et d’arrivée. On vous délivre une rondelle correspondante, et autant de fois de ces rondelles que vous avez de colis, et c’est tout. Pas de bulletin, pas d’inscription, pas de timbre, pas de droit de statistique à payer. On appelle cela chèquer le bagage, et l’on donne aux rondelles le nom de chèques ; elles ont en effet la valeur d’un bon à vue comme le

  1. Pour tous les détails techniques que nous ne pouvons donner ici, on pourrait consulter l’ouvrage de M. l’ingénieur en chef Malézieux, Travaux publics des États-Unis d’Amérique en 1870, Paris, Dunod 1873. Depuis la mission que M. Michel Chevalier remplit aux États-Unis en 1833, c’est le livre le plus remarquable qui ait été publié en France sur les canaux, les chemins de fer et les ponts américains.