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dans un style un peu théâtral. Clovis, entouré de cadavres, de blessés et de guerriers plus disposés à lâcher pied qu’à résister à l’effort suprême des Germains qui s’avancent, lève la main au ciel pour implorer le Dieu de Clotilde. Scheffer a été moins heureux en traitant un autre sujet militaire. Sa Bataille de Ravenne représente non pas une bataille, mais Gaston de Foix ramassé mort sur le champ de bataille. C’est un Larmoyeur exécuté en grand. La Bataille de Tours, de Steuben, a des qualités de composition et de mouvement. Au premier plan, la mêlée : Abd-el-Rahman, le chef sarrasin à la longue barbe blanche, se défend furieusement contre trois soldats francs. La cuisse percée d’une flèche, le genou appuyé contre un tertre, il tient à distance avec les moulinets de son large cimeterre les plus hardis assaillans. Au fond, Charles Martel, brandissant sa francisque, arrive à la tête d’un gros de cavaliers. Dans le Siège de Paris par les Normands, Schnetz a représenté une sortie de la garnison assiégée. Les Normands, surpris et ayant à peine le temps de se mettre en défense, sont taillés en pièces par la cavalerie parisienne. Au fond se dressent sur le ciel les tours crénelées et les hautes murailles de la ville. Heim s’est inspiré de Bossuet pour sa Bataille de Rocroy. C’est Condé arrêtant le carnage, « joignant au plaisir de vaincre celui de pardonner. » Dans la Bataille des Dunes, de Franz Larivière, Turenne n’est pas à sa place. À cheval, chargeant entre deux escadrons, il a plutôt l’air d’un capitaine que d’un maréchal de France. Eugène Devéria a peint d’un pinceau coloré la Bataille de La Marsaille. Catinat, dominant un champ de bataille plein de figures et très mouvementé, donne l’ordre de faire avancer les réserves. Dans la Bataille de Denain, de Jean Alaux, œuvre bien composée, Villars à pied, à la tête du régiment de Navarre, enlève les retranchemens ennemis. La Bataille de Lawfeld, de Couder, très harmonieuse et très énergique dans sa gamme enfumée, représente un général anglais amené prisonnier au maréchal de Saxe. Le Débarquement de l’armée française en Algérie, par Raffet, est ingénieusement composé. Au premier plan, des cavaliers arabes dispersés fuient à toute bride. Dans le lointain s’avancent plusieurs bataillons d’infanterie précédés par un rideau de tirailleurs qui font le coup de feu avec les Arabes ; puis, tout au fond, la mer et les voiles blanches de l’escadre. Hippolyte Bellangé a fait une Bataille de la Moskowa superbe de mouvement. Le tableau représente la célèbre charge de cuirassiers commandée par Murât. Rangs serrés, corps penchés en avant, têtes collées aux cous des chevaux, épées tenues horizontales et pointes en avant à hauteur de la botte, les cuirassiers courent comme une trombe de fer sur la redoute russe. Les premiers escadrons sont déjà entrés dans la