Page:Revue des Deux Mondes - 1876 - tome 14.djvu/147

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
IMPRESSIONS
DE VOYAGE ET D’ART

IX.[1]
SOUVENIRS D’AUVERGNE.


I. — LES GRANDS JOURS D’AUVERGNE ET FLÉCHIER.

Une des choses qui étonnent le plus le voyageur qui parcourt les provinces de l’Auvergne et du Velay, c’est le nombre de ruines qu’il rencontre sur sa route. Ici les églises seules se dressent intactes, inviolées ou rajeunies, comme pour nous dire que de tout ce qui composait la vie ancienne de ces régions, il n’en subsiste plus que l’élément impérissable : le peuple encore fort pieux dont elles abritent les croyances séculaires; mais de tous les châteaux qui couronnaient les forteresses naturelles de ce pays hérissé, il ne reste que des débris. Ce fait seul, à défaut de tout témoignage écrit, suffirait pour révéler à un observateur intelligent à quel point la féodalité a été puissante en Auvergne, car c’est une loi en quelque sorte fatale de la destruction qu’elle est toujours en proportion de la puissance, du respect et de la longévité des dominations auxquelles elle s’attaque, en sorte que, lorsque nous trouvons dans telle province plus de monumens encore debout d’un pouvoir disparu que nous n’en trouvons dans telle autre, ce n’est pas une preuve que ce pouvoir y a été plus considérable et plus populaire, c’est au contraire une preuve qu’il y a tenu une moindre place. En effet, la

  1. Voyez la Revue du 1er décembre 1875.