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la baisse toujours croissante de la valeur. » M. Duport n’avait pourtant pas pu pénétrer dans les régions alors désertes qu’on exploite aujourd’hui. Personne, alors qu’il écrivait, ne soupçonnait l’existence du filon de Comstock et de ceux de la même région.

L’histoire de la monnaie dans les monarchies fondées sur les ruines de l’empire d’Occident offre en nombre incroyable des tentatives contraires au bon sens et à l’équité, auxquelles se sont livrés les gouvernemens, indépendamment des atteintes que la monnaie recevait des faux-monnayeurs, qui remplaçaient l’argent par du plomb, et des rogneurs, qui enlevaient une partie de la substance des pièces. Le nombre des souverains qui ont voulu que leurs sujets fussent satisfaits de recevoir un poids d’or ou d’argent inférieur du quart, du tiers ou de moitié à celui qui avait été stipulé et proclamé pour la composition des monnaies, est extrêmement grand. D’autres ont prétendu contraindre les peuples à être payés avec du cuivre au lieu d’argent. C’est ce qu’essaya en 1695 le tsar Alexis ; il remplaça l’argent par le cuivre poids pour poids. Il y en a eu qui, non contens du cuivre, ont voulu se servir de morceaux de cuir. Plusieurs ont même entrepris d’y substituer le papier, et à l’heure actuelle il y a bien, soit dans l’ancien, soit dans le Nouveau-Monde, sept ou huit états, monarchies ou républiques, où cette fiction est en honneur. Au commencement et à la fin du XVIIIe siècle, qui a mérité à plusieurs égards qu’on l’appelât le siècle des lumières, il s’est fait en matière de monnaie des prodiges d’extravagance. Si on lit ce qui se passa sous la régence pendant les quelques années où le système de Law fut imposé à la France, si on passe en revue les édits, déclarations et arrêts du conseil qui émanèrent alors de l’autorité royale, on croira assister à des scènes d’un hôpital de fous, tantôt de fous béats, tantôt de fous méchans et furieux. Dans l’édit de février 1726 par exemple, on trouve la confiscation avec amendes énormes, les galères à temps ou à perpétuité et même la peine de mort pour des actes reconnus par la législation actuelle comme complètement innocens, et qui même sont utiles à la société. En 1793, ce qu’on fit dans la convention afin de soutenir les assignats, qui baissaient, ne fut pas plus raisonnable ni moins rigoureux ; les assignats n’en vinrent pas moins à zéro. Sous le second empire, en 1856, le gouvernement, à l’occasion d’opérations très licites qui se faisaient sur les monnaies, par exemple le triage et la refonte, le commerce avec prime, projeta de ressusciter l’édit de février 1726. Il en publia la menace dans le Moniteur du 9 octobre, prétendant que c’était « un dommage fait à la fortune publique, » tandis que c’était juste le contraire. Or. voici quelles étaient les peines portées relativement axes faits par l’édit de février. 1726, article 12 :