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L'ORIGINE
DES CULTES PRIMITIFS

I. Tree and Serpent Worship, par James Fergusson, Londres 1868. — II. The Origin of Animal Worship, dans le troisième volume des Essays scientific, political, and speculative, par Herbert Spencer. Londres 1874.

L’homme, a-t-on dit, est un animal religieux. — Ce privilège, les transformistes le lui contestent aujourd’hui ; d’autres, qui sont disposés à le lui reconnaître, douteraient volontiers qu’il fût pour lui un titre d’honneur. L’histoire des religions, semble-t-il, n’est guère que celle des superstitions du genre humain. Que sont les premiers dieux ? Des animaux, des arbres, des fontaines, des pierres, les astres. Et pour toutes ces divinités impuissantes ou ridicules l’humanité se prend de terreurs indicibles ; elle se déchire elle-même, elle couvre la terre de massacres et de sang ! En vérité, a-t-elle donc le droit d’être si fière de cet attribut de religiosité qui la met au-dessus des espèces animales les plus voisines ? N’est-on pas tenté de croire, avec Buckle, que la religion a fait, somme toute, plus de mal que de bien, et, avec Comte, qu’il est temps de dépouiller ce besoin de surnaturel, enfantine et funeste illusion de l’ignorance, et d’entrer enfin et à toujours dans l’âge viril de la science positive ?

De telles réflexions assaillent parfois celui qui se donne, par l’étude de récens travaux, l’étrange et affligeant spectacle des cultes primitifs. Nous voudrions chercher ici ce qu’elles peuvent avoir de fondé. Est-il donc vrai que l’homme ait jamais choisi ses dieux au-dessous de lui ? Faut-il prendre à la lettre l’adoration des animaux, des plantes, des pierres, et, en général des fétiches ? N’y a-t-il pas,