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aujourd’hui des applications de la méthode à l’étude des phénomènes circulatoires ; nous nous contenterons d’exposer L’histoire de la contraction musculaire, qui, grâce à ce procédé exact et délicat d’analyse, est devenue une des parties les plus précises de la biologie.

Disons d’abord quelques mots de la méthode et des moyens qu’elle met en usage. Elle a été pour la première fois appliquée aux phénomènes : physiques pour déterminer les lois de la chute des corps par Poncelet et Marin. Un corps en tombant laisse une trace de son passage sur un cylindre animé d’un mouvement régulier d’horlogerie. Plus tard Ludwig en fît emploi pour enregistrer les variations de la pression artérielle. Helmholtz construisit le premier myographe, c’est-à-dire l’appareil destiné à enregistrer les modifications de la contraction d’un muscle ; mais ces appareils étalent irréguliers, coûteux, difficiles à faire fonctionner, et n’auraient en somme donné que des résultats assez médiocres, si, grâce à des recherches aussi ingénieuses que patientes, M. Marey n’eût fait construire une quantité d’appareils précis et réguliers qui permettent d’étudier la contraction musculaire avec autant de rigueur et d’exactitude qu’un phénomène d’astronomie ou de physique.

Voici en quelques mots seulement le principe de la méthode telle que depuis plusieurs années elle est. appliquée au Collège de France. Un régulateur mû par un appareil d’horlogerie porte plusieurs axes animés chacun d’une vitesse différente, mais constante pour chacun d’eux. A ces axes, on adapte un cylindre recouvert d’une feuille de papier enfumé. La pointe d’une aiguille, si elle est immobile, fera une raie blanche sur le papier, lequel, une fois déroulé, montrera une ligne droite. — Si l’on agite l’aiguille, les oscillations en seront marquées et laisseront leur trace sur le papier. Que si l’on prend soin de plonger le tracé dans du vernis pour fixer le hoir de fumée, l’on aura une reproduction inaltérable et persistante des moindres mouvemens de l’aiguille.

Qu’on se rende compte un instant de la difficulté qu’on aurait à suivre de l’œil les petites secousses communiquées à l’aiguille, et même les eût-on observées, comment s’en serait-on souvenu ? Aurait-on retenu les dérangemens imperceptibles qu’elle a subies et enfin pourrait-on en donner la preuve matérielle, palpable, indiscutable, non-seulement aux témoins de l’expérience, mais aux savans de l’Europe entière, et même aux générations futures ? Avec le tracé, au contraire, tout est indiqué : la marche de l’aiguille, l’étendue, la durée de son déplacement. Personne ne peut contester le fait, et les erreurs de la mémoire ou de l’imagination sont impuissantes à en fausser la nature. C’est le fait lui-même qui parle, et chaque fois qu’on voit un tracé, c’est comme si on assistait à une expérience.

L’appareil que M. Marey a imaginé pour transcrire sur le papier enfumé les oscillations musculaires est extrêmement simple. L’aiguille est un bras de levier dont une des extrémités est attirée par un fil. Ce fil