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simplement découpées dans la bille par deux traits de scie parallèles ; les bords restent en biseau, et la largeur de ces planches est inégale. On reconstitue la bille en mettant à plat, l’une sur l’autre, toutes les planches qu’elle a données, et on les sépare par des tasseaux pour que l’air circule entre elles. Les planches brutes sont meilleures que les planches alignées, parce qu’elles conservent les parties extérieures du sapin, dont les couches sont minces, à faibles courbures et tranchées à peu près comme sur maille ; mais elles exigent plus de travail du menuisier qui les emploie. Un mètre cube de bois rond et couvert d’écorce rend en moyenne vingt-sept planches marchandes des Vosges, ou trente planches tout venant. Dans ce dernier nombre sont compris les chons, ou planches étroites et non alignées, levées d’abord, sur les côtés de la bille. Ainsi, quand la planche se vend 1 franc dans l’arbre, le mètre cube de bois de planches vaut 30 francs sur pied ; mais pour que les sapins rendent trente planches au mètre cube, il faut qu’ils aient en moyenne 0m,50 de diamètre à hauteur d’homme.

La planche du nord, moins large que la planche française, est tirée d’arbres plus petits. En Suède, on débite en sciage des épicéas et des pins de 0m,30 de diamètre. Le bois en est doux et homogène ; il n’y a pas d’ailleurs une très grande différence de qualité entre l’épicéa (sap blanc) et le pin (sap rouge) des régions boréales ; le premier est plus lourd que l’épicéa de France, le second plus léger que les pins de l’Europe centrale. L’aubier de ce pin ne se distingue guère du bois parfait que par une teinte un peu plus blanche, et s’emploie avec lui. Tous ces bois conviennent surtout à la menuiserie.

Les bois de service, ou pièces de charpentes, se classent en diverses catégories dans la forêt comme dans la construction même. Ici ce sont des sablières, des poutrelles, des moises, etc. Dans la forêt, ce sont d’abord de petites, de moyennes ou de grosses charpentes. Ainsi dans les Vosges, les perches donnent des chevrons, les petits arbres des pannes, dites, simples ou doubles, suivant la grosseur. En forêt, la valeur de ces bois n’est guère que les deux tiers de celle du bois de planches et s’accroît relativement peu parce qu’ils sont offerts en grande quantité. Les grosses charpentes de sapin se tirent des arbres de plus fortes dimensions. Sur les premiers plateaux du Jura, il s’en fait un grand commerce ; pour y être classé comme gros bois, il faut qu’un sapin, découpé à 0m,15 au petit bout et écorcé, ait au moins 0m,45 de diamètre au milieu de la longueur, et celle-ci est communément de 30 à 32 mètres. Ces arbres ont de 0m,70 à 0m,90 de diamètre à hauteur d’homme.

Ces beaux sapins, les plus grands arbres de France, valent aujourd’hui au moins 35 francs le mètre cube en grume et sur pied.