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LES
MARINS DU XVIe SIECLE

I.
SEBASTIEN CABOT ET SIR HUGH WILLOUGHBY


I

On sait par quel enchaînement de circonstances le riche trafic de l’Orient échappa, dans le cours du XVIe siècle, aux républiques italiennes[1]. Presqu’à la même époque, les villes anséatiques se virent supplantées sur les marchés du nord. Demeuré jusqu’alors à l’état d’enclave et soumis à la surveillance ombrageuse de la marine allemande, l’empire russe se trouva brusquement affranchi, — la chose est à noter, — par des mains anglaises. Cette émancipation, si grosse de conséquences, fut encore un des effets imprévus du merveilleux progrès réalisé, dans le court espace de quelques années, par l’astronomie nautique.

Le mouvement maritime avait pris, vers la fin du moyen âge, un développement sur l’importance duquel l’histoire n’a peut-être pas suffisamment insisté. Si l’on veut considérer ce mouvement dans son ensemble, on ne saurait mieux faire que de se transporter en premier lieu à Bruges, reliée par un canal au fameux port de l’Écluse, un peu plus tara, à Anvers. C’est là que, pendant près de trois siècles, s’échangèrent avec une régularité que les événemens

  1. Voyez, dans la Revue du 1er septembre 1874, la Navigation hauturière, et, dans la Revue du 15 novembre 1874, les Découvertes maritimes et la grande Armada.