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gardât la conduite de ce vaisseau jusqu’à l’arrivée de l’escadre au port de Varduus. Cette escadre, le 15 mai, se trouvait à 7 lieues environ de la côte méridionale de la Norvège, par 58° 30′ de latitude. La terre courait au nord-nord-ouest, au nord-quart-nord-ouest, au nord-ouest-quart-nord, « comme on peut le voir, nous dit Stephen Burrough, sur la carte. » Le 16, on reconnut l’île de Saint-Dunstan, le soleil restait alors à l’est[1]. Quand on le releva au sud, la latitude fut trouvée de 59° 42′. L’escadre approchait de la hauteur de Bergen. Elle fit ainsi une vingtaine de lieues au nord-ouest, en longeant d’assez près la côte. Le 20 mai, ses vigies découvrirent à travers la brume « la haute terre au sud de Lofoden. » Le 23, Stephen Burrough se supposait par le travers « de la chapelle de Kedilwike, » quand on aperçut soudain le cap qui forme, 9 lieues environ plus à l’est, l’extrémité septentrionale du Finmark. Ce promontoire a gardé le nom que, dans le voyage de 1553, lui assigna Stephen Burrough ; il s’appelle encore aujourd’hui le Cap-Nord. La partie délicate de la traversée était accomplie. Les vaisseaux n’avaient plus que 40 lieues à faire pour se rendre au mouillage de Varduus.

C’était à Varduus que Stephen Burrough devait monter de nouveau la pinnace. Le 7 juin, nous le trouvons abord du Searchthrift, mouillé, en compagnie du Bonaventure, sur la côte occidentale de la Mer-Blanche, « dans la baie de Corpus-Christi. » Où placer cette baie sur nos cartes modernes ? Tout fait présumer que les Anglais avaient jeté l’ancre dans l’anse Katchovski, petite baie « d’une demi-lieue à peine de profondeur, » située par 67° 28′ de latitude. Ils quittèrent ce mouillage, suivant les expressions du journal de bord, « quand le soleil leur restait au nord-est-quart-est[2]. » En sortant de la baie, les navires rencontrèrent un courant si violent qu’on eût pu croire à un ras de marée. Le Searchthrift et le Bonaventure firent d’abord d’une seule traite 20 lieues au sud-est-quart-sud. Ils durent ranger ainsi, d’après nos calculs, l’île Morjovets[3] de très près. La variation de l’aiguille aimantée se trouvait, être alors dans la Mer-Blaoelle, non pas, comme aujourd’hui, de 7 ou 8 degrés nord-est, mais de 3 ou 4 tout au plus. L’île était à peine dépassée qu’il fallut serrer toutes les voiles. Une brume épaisse enveloppait les vaisseaux, et le fond du golfe demeurait encore

  1. C’est en observant et notant fréquemment l’azimuth du soleil que les navigateurs du XVIe et du XVIIe siècle suppléaient la plupart du temps à l’absence d’horloges. Le 16 mai 1556, — vieux style, — quand Stephen Burrough relevait le soleil à l’est, — relèvement corrigé de la variation, — il était 6h 52m du matin (temps vrai), — midi quand Stephon le relevait au sud.
  2. C’est-à-dire à 41’ 10m du ; matin (temps vrai).,
  3. L’ile Morjovets ou Morshovez est située dans la Mer-Blanche, à l’entrée du golfe de Mezen, par 66° 45′ de latitude nord et 40° 10′ de longitude est.