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l’engagement d’agir avec vigueur et de porter la force du-corps auxiliaire de 30,000 à 60,000 hommes… Il y a un point duquel la France ne se départira pas et qui doit être tenu pour invariable, c’est qu’aucun des territoires réunis par des sénatus-consultes ne saurait être séparé de l’empire… Il faudrait pour l’obtenir que 500,000 hommes environnassent la capitale et fussent campés sur les hauteurs de Montmartre. Hambourg, Munster, Oldenbourg, Rome, sont unis à l’empire par des liens constitutionnels ; ils y sont unis à jamais. » Il indiquait comme objets de compensation possible les provinces illyriennes, la Dalmatie, Corfou, une partie de l’Espagne. C’était être loin de compte avec les ambitions de l’Autriche, et dès lors Metternich dut se convaincre qu’il ne s’accorderait pas avec Napoléon ; mais il fallait gagner du temps et sonder les alliés. Napoléon avait accepté l’entremise, c’était tout ce que demandait Metternich, et il ne lui en fallait pas davantage pour suivre sa procédure. Il annonça donc à Napoléon que la diplomatie autrichienne allait se mettre en campagne. « Nous avons atteint le premier but auquel nous nous proposions d’arriver, » écrivait-il, le 16 janvier 1813, au comte Zichy à Berlin, et Gentz, dans une dépêche du 2 février, résumait cette première partie de la négociation : « La cour de Vienne, sans avoir rompu son alliance limitée avec la France, est aujourd’hui en rapports hautement avoués, non-seulement de correspondance, mais d’amitié et de confiance, avec toutes les cours et avec tous les partis politiques. Elle s’est placée à la tête d’un grand plan de pacification universelle. »

Pour parler net, et sortir « des nuances intermédiaires, » l’Autriche mit son alliance à l’encan. M. de Bubna fut envoyé à Paris. Ses instructions sont du 25 janvier 1813, « Il est réservé à l’empereur des Français, disait Metternich, de nous faire regarder la présente guerre comme autrichienne ; le premier pas est fait, il a accepté notre intervention (mot dont vous voudrez bien soigneusement vous servir en toute occasion au lieu de celui de médiation) ; que les conditions sur lesquelles il voudra se prêter à la paix soient de nature à prouver à l’empereur d’Autriche et à la nation que la cause de notre allié est la nôtre, et nous répondrons d’un secours bien au-delà des désirs actuels de Napoléon. » Le comte Zichy fut invité, le 30 janvier, à faire des démarches en Prusse, M. de Wessenberg et M. de Lebzeltern, le 8 février, furent chargés d’en faire auprès des Anglais et des Russes. Les instructions données à ces trois diplomates sont les mêmes : M. de Metternich insiste sur ce fait, qu’il offre une entremise et non une médiation, ce qui est bien différent. « Comme puissance chargée d’une simple entremise, nous devons porter des paroles de paix ; comme puissance médiatrice, nous aurions à dicter les conditions de la paix. » C’est donc aux cours de