Page:Revue des Deux Mondes - 1877 - tome 23.djvu/111

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
LES
GRANDS PORTS DE COMMERCE
DE LA FRANCE

BORDEAUX ET LE BASSIN DE LA GIRONDE.

Du golfe de Gascogne à l’île d’Ouessant, le littoral de la France dessine un arc de cercle qui ouvre sa concavité sur l’Océan. Au tiers à peu près de la longueur se présente une immense coupure : c’est l’embouchure de la Gironde, et ce fleuve n’est formé que par la réunion des deux rivières, la Garonne et la Dordogne. En amont du point où elles se joignent, qui porte le nom caractéristique de Bec-d’Ambez ou confluent des deux, est située, sur la rive gauche de la Garonne, à 100 kilomètres de la mer, la ville de Bordeaux. Les marées de l’Atlantique montent jusque-là et même 12 lieues plus loin, à Castets, où s’amorce le canal latéral à la Garonne.

La Garonne forme le port de Bordeaux. Ce port, fondé aux jours de la Gaule antique par une tribu de Celtibères, les Bituriges, a été de tout temps fréquenté, et déjà sous les Romains les vins de Burdigala étaient appréciés au dehors et formaient le principal élément d’exportation de cette région privilégiée. Ausone, né à Bordeaux, n’oublie pas de chanter les vins de sa ville natale, patria insignis Baccho. Lors de la guerre de cent ans, quand les Anglais étaient maîtres de cette partie de la France, les vins de Bordeaux étaient expédiés à Londres et y acquéraient un renom que depuis ils n’ont plus perdu. En 1372, Froissard voyait arriver en Gironde, « tout d’une flotte, deux cents-nefs de marchands qui allaient aux vins. »