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LES
PRISONS DE PARIS
SOUS LA COMMUNE

VI.
LA GRANDE-ROQUETTE[1]


V. — La mort de Delescluze.

« O Paris, qui n’es plus Paris, mais une spélonque de bestes farouches, » dit la harangue de M. Daubray, dans la Satire Ménippée, Cette exclamation, qui de nous ne l’a répétée pendant les exécrables journées du 25 et du 26 mail tout brûlait, tout allait brûler ! Un océan de flammes roulait au-dessus de la ville : jamais bataille ne fut plus acharnée, jamais pareille destruction ne s’était vue. Les greniers d’abondance du quai Bourdon flambaient, et aussi les entrepôts de la Villette, et, au même endroit, le dépôt de la Compagnie des petites voitures, où, en prévision du siège, on avait accumulé des amas de vivres qui s’y trouvaient encore[2]. Sept cent

  1. Voyez la Revue du 1er mai, du 1er juin, du 1er juillet, du 1er août et du 1er septembre.
  2. Ce fait, qui peut paraître invraisemblable, est de la plus rigoureuse exactitude ; M. Ducoux, président du conseil d’administration de la Compagnie générale des voitures de Paris, a dit, le 11 mai 1872, à l’assemblée générale de ses actionnaires : « Les circonstances fie nous ont pas permis de réinstaller nos nouveaux ateliers de la Villette, dont vous avez approuvé la création. Un incendie, allumé dans les derniers jours de la période insurrectionnelle, pour atteindre les grands approvisionnemens de vivres que le gouvernement de la défense nationale avait laissés dans les magasins qu’il nous avait loués ou réquisitionnés, a détruit, avec ces approvisionnemens, la totalité des bâtimens existant sur notre immeuble, 372 voitures qui s’y trouvaient remisées et une partie de l’outillage que nous avions acquis. » — (Voyez Compagnie générale des voitures de Paris ; rapport du conseil d’administration sur les comptes de l’exercice 1871, p. 11. Paris, 1872.)