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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




30 septembre 1877.

Maintenant tout se hâte dans nos affaires intérieures. Ce n’est plus le moment des discussions inutiles ; les faits vont se presser jusqu’au dénoûment désormais prochain, si tant est qu’il y ait un dénoûment. Avant que quinze jours soient écoulés, les élections françaises seront accomplies ; le pays aura parlé, puisqu’on lui dit que c’est à lui de parler. Le décret qui fixe au 14 octobre le scrutin universel pour le renouvellement de la chambre des députés a enfin paru. M. le président de la république vient de couronner ses voyages dans les départemens et d’inaugurer en quelque sorte la période électorale par une proclamation où, s’adressant aux « Français, » il a cru devoir dire dans son langage militaire ce qu’il a fait, ce qu’il désire, ce qu’il veut. Il a publié son ordre du jour avant la bataille, et voici que du fond de la tombe sort en même temps une autre voix écoutée, respectée et illustre, celle de M. Thiers, qui parle, lui aussi, par une lettre posthume, circulaire aux électeurs, manifeste où il a laissé, avant de s’éteindre, le dernier témoignage d’une pensée toujours active, toujours passionnée pour les intérêts de la France. Candidatures officielles ou non officielles, 363 et conservateurs, réunions publiques, programmes, passent comme un tourbillon, et si dans ces préliminaires d’un grand scrutin il n’y avait que les émotions, les ardeurs inséparables du mouvement des opinions, contenues et limitées par la rassurante fixité des institutions générales, ce ne serait rien. Le malheur est que dans ce procès porté devant le souverain juge, qui est le pays, il y a une sorte de perpétuel malentendu, une irritante obscurité sur les conditions où s’engage le conflit, sur le dénoûment naturel et possible de la crise qui émeut la France, sur le but que poursuivent les partis déchaînés.

Une des choses les plus redoutables en politique est l’absence de netteté et de clarté dans les situations, parce qu’alors on ne sait plus où