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données numériques hétérogènes en mesures métriques. La déplorable confusion qui règne dans les mesures employées par les météorologistes des divers pays n’est malheureusement pas près de cesser ; les uns donnent toujours la hauteur du baromètre en pouces et lignes, tandis que les autres la donnent en millimètres ; la température est donnée en degrés centigrades et degrés Réaumur, en degrés Fahrenheit ; la force du vent en livres par pied carré et en kilogrammes par mètre carré, et ainsi de suite. Lorsqu’on veut comparer entre elles les données fournies par des observateurs de nationalité différente, il faut le plus souvent commencer par les rendre comparables au moyen d’une conversion qui est à la fois une perte de temps et une source d’erreurs. Or la confrontation des chiffres, c’est aujourd’hui l’alpha et l’oméga de la météorologie pratique. L’introduction des appareils enregistreurs fournirait l’occasion d’établir pour tous les instrumens une échelle uniforme, et de faire ainsi disparaître un des obstacles qui arrêtent les progrès de la météorologie. Et alors même que les courbes ne se rapportent pas à la même échelle, elles sont toujours plus faciles à comparer que des chiffres ; un coup d’œil suffit pour reconnaître les maxima et les minima respectifs, et pour juger des contrastes ou des analogies dans la marche des phénomènes.

Pour réaliser l’enregistrement des variations météorologiques, on a imaginé les moyens les plus divers ; la photographie en fournit un des plus commodes. S’agit-il par exemple d’enregistrer l’état du baromètre ou du thermomètre, un mouvement d’horlogerie fait défiler derrière l’instrument, éclairé par une lampe ou par un bec de gaz, une bande de papier sensibilisé, sur laquelle vient se peindre la hauteur variable du mercure ; l’appareil fait donc en quelque sorte le portrait du temps. Tous les soirs, on enlève la bande impressionnée, afin de fixer l’épreuve par les moyens ordinaires, et on la remplace par une bande fraîche.

C’est sir Francis Ronalds[1] qui a le premier appliqué ce principe à la construction d’instrumens enregistreurs, — barographes, thermographes, magnétographes, etc. Des appareils de ce genre fonctionnent à Kew, à Greenwich, à Lisbonne, à Paris et ailleurs. Les dispositions varient selon les phénomènes dont il s’agit d’obtenir des tracés. Les parties communes à tous ces instrumens sont l’appareil d’éclairage avec son système de lentilles, et l’appareil photographique, qui consiste en une feuille de papier sensibilisé, tendue sur un châssis qu’entraîne un chariot, ou bien enroulée sur un cylindre qui fait un tour en vingt-quatre heures. Le papier

  1. Le prix de 500 livres sterling, proposé par le gouvernement anglais pour une invention qui épargnerait aux observateurs un labeur pénible, a été attribué à MM. Ronalds et Brooke pour leurs enregistreurs photographiques.