Page:Revue des Deux Mondes - 1878 - tome 26.djvu/288

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
I

Il est toujours difficile de donner sans figures une description intelligible des appareils compliqués de la physique, et d’autre part le lecteur qui veut la comprendre doit s’imposer un sérieux effort d’attention. Je tâcherai de diminuer cet effort en supprimant tout détail.

Les physiciens ont d’abord cherché à perfectionner la pile de Volta. Becquerel père a imaginé les piles à deux liquides, que Grove, Daniell et Bunsen ont perfectionnées et agrandies et qui ont acquis une énergie très supérieure à celle des piles qu’employait Davy. Mais elles ne donnent le courant qu’au prix d’une quantité considérable de zinc qui se dissout dans les acides, elles coûtent très cher, elles répandent des vapeurs qui pénètrent partout, attaquent tout, et que l’homme ne peut respirer sans les plus graves dangers. C’est l’instrument le moins propre à être introduit dans les habitations. On y a renoncé.

On s’est heureusement tourné d’un autre côté. L’illustre Faraday a découvert que, si on approche brusquement d’un aimant un fil de cuivre isolé, enroulé sur un noyau de fer, on y développe aussitôt un courant électrique très intense, mais de durée très courte, qu’on a nommé courant d’induction commençante. Si on éloigne ensuite brusquement le noyau de fer, on fait naître un deuxième courant d’induction dite finissante, inverse du premier, d’aussi courte durée, et d’intensité encore plus grande. Bientôt après cette découverte capitale, Pixii et Clarke imaginèrent les premiers électro-moteurs. Celui de Clarke consiste en un électro-aimant qu’on fait tourner rapidement, et dont les deux extrémités passent à chaque demi-tour tout près des pôles d’un aimant fixe. Toutes les fois qu’elles s’en approchent, il s’y produit un courant d’induction commençante, et il en naît un autre d’induction finissante, contraire au premier, quand elles s’éloignent. Ces alternatives se reproduisent à chaque demi-tour, et l’on obtient, avec une rotation rapide, une énorme quantité d’électricité parcourant les fils dans des directions alternativement opposées.

Un professeur belge, nommé Nollet, eut l’idée d’agrandir la machine de Clarke. Il distribua sur une roue tournante quatre-vingt-seize bobines à noyau de fer, passant à chaque tour devant quatre-vingt-seize aimans fixes, et développant chacune quatre-vingt-seize courans doubles qu’on recueille dans un circuit commun. Avec cet appareil, Nollet espérait décomposer l’eau et employer à l’éclairage