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en deux escadres : l’une sur la côte d’Europe, l’autre sur la côte d’Asie. La première fut ainsi composée : un cuirassé de deuxième rang ; trois bâtimens blindés de troisième rang très rapides, bien armés, plus une corvette à vapeur en bois et trois avisos. La seconde escadre, celle d’Asie, comprenait : un cuirassé de deuxième rang, trois de troisième rang, un quatrième d’ordre inférieur, plus une frégate en bois armée de gros canons Krupp et deux avisos ; l’escadre d’Europe étant placée sous le commandement de l’amiral Hassan-Pacha, l’autre sous les ordres de l’amiral Ahmed-Pacha. Leurs instructions portaient en substance les recommandations suivantes : « Défendre contre une invasion les rivages de la Turquie. Opérer sur le flanc d’une armée ennemie qui tenterait de s’avancer par les routes du littoral. Combattre les bâtimens russes qui essaieraient d’empêcher les transports de troupes turques entre le Bosphore et l’Asie. Intercepter tout trafic entre les ports russes. Coopérer avec les forces militaires agissant sur les côtes de l’Asie-Mineure et du Caucase. »

Le Times, qui dans le temps avait reçu communication de ces renseignemens, pouvait certes être bien informé, puisque le chef du grand état-major de la marine ottomane était un officier général au service du royaume-uni. C’est Hobbart-Pacha qui a dirigé les mouvemens de cette flotte placée nominativement sous les ordres de plus vrais musulmans. La capacité de ces derniers n’a pas été démontrée, ils ont paru en général plus empressés d’accepter de hautes fonctions qu’aptes à les bien remplir. On leur a reproché surtout d’avoir manqué le but qui leur était assigné par les instructions précédentes, d’avoir laissé aux Russes la liberté de naviguer d’un port à l’autre, d’y transporter des troupes, des approvisionnemens et toute sorte de renforts. Si les Russes avaient disposé d’un matériel naval plus considérable, ils en auraient très probablement tiré meilleur parti que les Ottomans de leur belle flotte. Mais quelle différence dans le nombre et surtout dans la qualité des bâtimens ! En réunissant même tous les navires de guerre que la Russie possède dans ses deux grands ports du nord et du midi, ils eussent été en état de grande infériorité. On vient de lire le résumé des forces navales ottomanes, voici en parallèle le tableau d’ensemble des bâtimens russes : deux vaisseaux en bois provenant de l’ancienne flotte, cuirassés à 11 centimètres et armés de canons de 20 centimètres ; trois grandes corvettes dont deux cuirassées à 15 centimètres et pourvues de canons de 20 centimètres ; deux frégates portant des canons de 22 centimètres et blindées à 11 centimètres ; deux autres cuirassées à 15 centimètres et chargées d’une artillerie de 27 centimètres. Enfin un vaisseau de première force, avec des pièces de 32 centimètres et un blindage de 38 centimètres. En tout une