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composent nos administrations publiques. Nous disons seulement qu’une foule de fonctions ne comportent pas et ne sauraient comporter une initiative sérieuse ; lorsqu’il s’agit des impôts, les chefs des administrations financières peuvent étudier, — et ils le font, — les progrès à réaliser, mais la masse des employés chargés de la perception ne peut ni ne doit sortir de la règle. Nous disons que l’administration d’une part, l’industrie ou le commerce d’autre part, sont des choses absolument distinctes qui dépendent de principes fort différens. Par des côtés multiples l’exploitation des chemins de fer se rattache à l’industrie et au commerce, et on ne doit pas plus comprendre une exploitation officielle qu’une industrie ou un commerce officiels.

Organisation militaire des chemins de fer en France. — Nous ne nous proposons pas de décrire l’organisation militaire des chemins de fer ; elle repose sur un principe admis aujourd’hui à peu près sans contestation : l’association de l’élément militaire et de l’élément technique. Mais, si nous voulions entreprendre cette tâche, il nous suffirait de traduire un livre récemment publié à Berlin sous ce titre : les Chemins de fer français pendant la guerre de 1870-71 et leur développement ultérieur au point de vue stratégique, par H. Budde. — L’auteur, après avoir analysé tous nos règlemens, formule les conclusions ci-après : « Pour terminer, nous voudrions faire ressortir encore une fois combien l’organisation militaire des chemins de fer et la formation de troupes de chemins de fer étaient incomparablement plus faciles en France qu’en Allemagne. En notre pays, il faut compter avec une organisation administrative et gouvernementale fort compliquée, avec des divergences d’opinions et d’intérêts multiples. En France, au contraire, la commission supérieure n’a affaire qu’aux six grandes compagnies de chemins de fer, où fonctionnent déjà, en temps de paix, les commissions de chemins de fer sous le nom de commissions d’études. En temps de paix déjà, les principales lignes de France se trouvent, sous le rapport militaire et technique, dans les mains qui sont appelées à les exploiter en temps de guerre. Les autorités dirigeantes, grâce à l’existence des grands réseaux, sont habituées à faire grand et à disposer d’immenses ressources pour un domaine d’une vaste étendue. Les compagnies françaises de chemins de fer ont en sus de cela une organisation tellement bien agencée et tellement solide, que la commission supérieure y trouve une source à peu près inépuisable d’agens de chemins de fer parfaitement disciplinés et formés d’après des règles identiques et qui, réunis en cas de guerre, en une troupe de chemins de fer, peuvent rendre d’excellens services à l’armée. Ce sont là des avantages incontestables