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souvenirs historiques et avoir fait entre les administrations locales et les administrations publiques une confusion qui aurait aujourd’hui les plus fâcheuses conséquences. Il ne faut pas perdre de vue, en effet, que les intérêts locaux et les intérêts publics sont absolument distincts, puisque les uns ne concernent que certains groupes, et que les autres sont au contraire ceux de la nation tout entière. Les habitans d’une commune sont seuls intéressés à ce que celle-ci soit éclairée et bien pavée, à ce que ses biens soient convenablement administrés, tandis qu’il importe à tous les citoyens que la sécurité publique sort assurée, ou que les impôts se perçoivent régulièrement.

Les administrations publiques sont indépendantes non-seulement de l’administration locale, mais elles le sont aussi les unes des autres. Chacune d’elles a ses exigences propres, sa hiérarchie particulière et ses circonscriptions spéciales ; le ressort d’une cour d’appel n’a pas nécessairement la même étendue que la division militaire ; le service des postes est tout différent de celui des douanes ; il est inutile d’établir une académie dans une ville où les auditeurs font défaut, et une conservation forestière là où il n’y a pas de forêts. Toutes ces administrations doivent être organisées non pas pour amener une prétendue décentralisation morale, qui n’a rien à faire ici, mais en vue des services qu’elles ont à rendre, et pour lesquels elles ont été instituées.

Le premier problème qu’il faudra se poser est de savoir quelles sont les administrations qui répondent réellement à des besoins publics, et la première réforme consistera à supprimer celles qui ne sont pas dans ce cas. Mais ce n’est pas en quelques lignes, ni même en quelques pages, qu’on peut la trancher. Il faudrait des volumes pour discuter la question de savoir s’il faut conserver la juridiction administrative, accorder la liberté absolue d’enseignement, maintenir le monopole des poudres ou des tabacs, établir un impôt unique, en un mot pour passer en revue chacun des rouages de l’organisme administratif et pour chercher s’il ne serait pas possible de le supprimer ou de le remplacer par un autre plus simple sans gêner le jeu de la machine. Nous nous bornons à signaler la nécessité de cette enquête que les pouvoirs publics seuls peuvent entreprendre.

Après avoir déterminé celles des administrations qu’il convient de conserver, il faudra procéder à leur classement. Les unes sont destinées à rendre des services au public, les autres, créées dans un intérêt fiscal, ont pour objet d’alimenter le trésor. Les premières sont réparties entre les différens ministères, les dernières appartiennent au ministère des finances ; quant à celles qui ont un caractère mixte, c’est-à-dire qui, tout en rendant des services, sont